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Premier ministre

Manuel Valls
Premier ministre

Né à Barcelone en 1962, ce fils d’artiste peintre a surtout été influencé par son grand père qui était rédacteur en chef d’un journal de gauche. Pendant la guerre civile espagnole, ce républicain grand teint réussit à cacher des anarchistes et des prêtres persécutés par les franquistes. C’est un des cousins de son père, Manuel Valls i Gorina, qui compose l’hymne du FC Barcelone ! Mais sa famille décide  d’émigrer en France et Manuel Valls obtient la nationalité française grâce à une procédure de naturalisation. Aujourd’hui, marié à la violoniste Anne Gravoin, il a quatre enfants d’un premier mariage.  

 

Etudes et débuts de carrière politique

Sa conscience politique est précoce. En 1980, à l’âge de 17 ans, il adhère au Parti Socialiste pour soutenir Michel Rocard car au sein du PS, il appartient à cette deuxième gauche, davantage  pragmatique que celle de François Mitterrand, plus à gauche. Pourtant, lors des élections présidentielles de 1981, il ne peut pas voter car il n’est pas encore naturalisé. Il ne renonce pas à la politique et pendant ses études  universitaires d’histoire à l’université Paris 1-Tolbiac, il adhère au syndicat étudiant socialiste, l’UNEF-ID où il joue le rôle de modérateur. Mais ce sera surtout au sein des réseaux rocardiens que Manuel Valls va trouver sa place. Il est pressé et à l’âge de 24 ans, le jeune homme est élu au conseil municipal d’Ile-de-France et devient premier vice-président.

Deux ans plus tard, en 1988, il est nommé par Michel Rocard alors premier ministre de François Mitterrand, consultant pour les affaires étudiantes. Après la démission de Rocard en 1992, il retrouve son poste au conseil régional d’Ile de France, qu’il ne quittera qu’en 2002. Quoique vaincu en 1997, au premier tour des élections législatives dans la 5ème circonscription du Val-d’Oise, sa carrière politique rebondit grâce à une nouvelle nomination dans un cabinet ministériel. Il devient conseiller pour la communication et la presse auprès du Premier ministre, Lionel Jospin. C’est notamment à ce poste qu’il noue des liens avec des membres du New Labor de Tony Blair.

 

Le député-maire d’Evry (2001-2007)

C’est en 2001 que Manuel Vals est élu maire d’Evry, ville nouvelle au sud de Paris créée dans les années 1960. Tout s’enchaine alors puisqu’un an plus tard, il est élu à l’Assemblée nationale française en tant que député pour la circonscription de l’Essonne. Mandat qu’il conservera en 2007.  Il garde aussi son mandat de maire d’Evry avec 60,12% des voix. Sa gestion de la commune est remarquée car  tout en défendant les couches populaires, il refuse l’angélisme sur les questions sécurité. Ainsi, pendant les émeutes de l’automne 2005, il est le seul socialiste à s’abstenir de critiquer l’instauration du couvre-feu. De même, pour lutter contre la ghettoïsation d’un quartier d’Evry, il n’hésite pas à s’opposer à l’installation d’un supermarché halal dans sa commune.

En 2007, par exemple, il propose aux commerçants d’installer un dispositif de télésurveillance pour lutter contre l’insécurité de certains quartiers d’Evry. Il déclare : « Aucun recoin de la ville ne doit être laissé aux voyous ». Pour changer l’image d’Evry et obtenir le calme, il double, en l’espace de six ans, les effectifs de la police municipale. Son objectif est de redorer le blason de la ville d’Evry et pour se faire, il ne lésine pas sur la communication – un de ses dadas -  pour faire parler de son action politique. Dès son arrivée à la tête de la ville, il crée, un nouveau logo pour Evry, remplace le bulletin municipal par trois revues en couleurs. Entre 2000 et 2003, les dépenses liées à la communication augmentent de… 852,6% ! En parallèle, de nouveaux promoteurs lancent de nombreux chantiers car l’objectif est d’attirer une classe sociale plus élevée dans le centre-ville.

 

Affirmation de sa différence au sein de PS

Avec le référendum de 2004 sur le traité constitutionnel Européen, Manuel Vals affiche sa différence avec la majorité des dirigeants socialistes. Ce refus de la Constitution européenne met en difficulté François Hollande alors premier secrétaire du PS. Valls est suspecté de manœuvres pour s’emparer du parti, critique à laquelle il réplique non sans ironie : « Ce bruit m’honore et fait monter mon ego déjà grand de plusieurs mètres». Manuel Vals fait en définitive volte face et au fur et à mesure de la campagne change radicalement de position, déclarant : « J’étais partisan du non, mais face à la montée du non, je vote oui ». Il votera avec d’autres élus de gauche «pour » la réforme du titre XV de la constitution permettant la ratification du Traité de Lisbonne (2007) lors du Congrès du Parlement français le 4 février 2008

Ces positions ne font qu’exacerber l’hostilité de ses adversaires au sein du Parti Socialiste, qui le désignent comme un homme à droite de la gauche. Lui préfère se présenter comme un partisan d’un social-libéralisme à la française pour lequel la société de marché, le travail, la lutte contre l’insécurité, la refonte de la loi de 1905 sur la laïcité ne doivent plus être des questions taboues à gauche. D’ailleurs, après la défaite de Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007, il s’en prend violemment à François Hollande, qu’il accuse d’immobilisme.

Depuis 2007, il multiplie les coups d’éclat et se considère comme un pragmatique qui entend expérimenter de nouvelles voies qui fonctionnent dans les pays voisins quitte à bousculer les orthodoxes du PS. Il a même évoqué publiquement la possibilité de changer le nom du Parti Socialiste pour entériner la modernisation de la gauche. En  2007, Manuel Valls lance aussi son propre club de réflexion : « Cercle 21, Gauche et modernité », fin octobre 2007. Il veut faire évoluer le PS car selon lui, le parti doit actualiser sa doctrine pour devenir un parti social-démocrate acceptant de gouverner avec le centre.

Il soutient Ségolène Royal en novembre 2008 lors de l’élection du nouveau premier secrétaire du PS mais c’est Martine Aubry qui remporte l’élection avec une simple poignée de voix en plus. Des suspicions de fraudes circulent alors. Faisant suite aux contestations des résultats du Congrès de Reims du PS, Manuel Vals réclame l’arbitrage des tribunaux sur ces suspicions de fraude électorale dans les fédérations du Nord et de la Seine-Maritime favorables à Martine Aubry. La réponse de la première secrétaire du PS est publique et le 14 juillet 2009, elle fait publier une lettre ouverte à Manuel Valls dans les colonnes du journal Le Parisien : « Mon cher Manuel, s’il s’agit pour toi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à un parti auquel tu tiens, alors tu dois cesser ces propos publics et apporter en notre sein tes idées et ton engagement ». Elle poursuit : « Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste. [...] Je te demande de me faire part de ton choix dans les jours qui viennent, et d’en assumer toutes les conséquences pour l’avenir »

Pourtant, plusieurs personnalités du PS comme Gérard Collomb, Jean-Noël Guérini ou Jean-Pierre Mignard soutiennent Manuel Valls face à Martine Aubry. Il ne compte pas quitter le parti et revoie à la Première secrétaire une lettre : « Je t’informe que j’entends bien rester fidèle à mon poste, à ma famille politique et à mes valeurs » mais précise « Je ne me ferai pas le silencieux complice de l’aveuglement ». Il ne s’arrête pas là dans sa fronde contre Martine Aubry et déclare le 2 janvier 2011, vouloir « déverrouiller les 35 heures », créant une nouvelle fois le trouble au sein du Parti socialiste.

Le 13 juin 2009, Manuel Valls annonce, son intention de se présenter à la primaire socialiste de 2011 en vue de l’élection présidentielle de 2012. Au soir du premier tour, le 9 octobre 2011, il est éliminé de la primaire avec un score de 6% des voix. Le soir de sa défaite, il rallie François Hollande pour le second tour qui le nomme au sein de son équipe de campagne, directeur de la communication pour la campagne présidentielle de 2012.

 

Ses orientations politiques

Manuel Vals s’inscrit dans une culture et une démarche proche de la social-démocratie allemande et scandinave. Il s’est lui-même définit par le passé comme « blairiste » ou « clintonien », et dit s’inscrire dans la lignée de Pierre Mendès France, Michel Rocard ou encore  Lionel Jospin. Il s’estime d’ailleurs « réformiste plutôt que révolutionnaire », il souhaite « concilier la gauche avec la pensée libérale ». À l’été 2011 par exemple, il déclare au site Rue89 que « des hommes et des femmes comme Dominique de Villepin, François Bayrou ou Corinne Lepage, pour ne citer qu’eux, peuvent faire partie, s’ils le souhaitent, d’une majorité de large rassemblement ». Une logique qu’il poursuit dans les domaines de l’économie et de l’intégration européenne, il est favorable à l’instauration de la « TVA Sociale », visant à augmenter la TVA sur des produits qui ne sont pas de première nécessité en échange d’un allègement des cotisations sociales sur les salaires. Lors d’une interview au journal Le Monde, le 25 juillet 2011, il déclare : « Une politique fiscale devra passer par une augmentation de la TVA. C’est la TVA-protection ou sociale que je propose ».

Il plaide aussi pour l’allongement de la durée de cotisations pour fixer l’âge du départ à la retraite et l’alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général. Il s’est de plus, déclaré favorable en 2010 au contrôle de la Commission européenne sur les budgets nationaux, jugeant cela « incontestablement » nécessaire. Il déclarait à l’AFP le 16 mai 2010 : « Dans le monde tel qu’il est, qui a besoin de grands ensembles, on a besoin davantage d’intégration de nos politiques économiques, davantage de coordination, c’est vrai sur le plan monétaire, c’est vrai sur le plan budgétaire et c’est vrai sur le plan fiscal ». Sur le plan social, son principal souci est d’en finir avec la vieille garde du parti socialiste et pour ce faire, il se déclare favorable aux quotas d’immigration et approuve l’allongement de la cotisation de retraite à 41 ans.

Réformiste encore, il réclame une refonte de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État affirmant dans le magazine Réforme le 12 aout 2005 : « Personne ne veut y toucher, mais elle est contournée en permanence ; chacun cherche un subterfuge pour arriver à ses fins. […] Notre pays ne peut donc échapper à la révision même si ce n’est pas une révision avec un grand R. La loi a d’ailleurs été plusieurs fois modifiée depuis son adoption. La République pourrait s’offrir ainsi un moment symbolique pour donner un souffle nouveau à la laïcité. Il faut une révision publique de l’application de la laïcité qui passe par un débat parlementaire. Voilà un beau moyen de remettre l’idéal laïc au cœur de la société française et d’en faire une valeur partagée ».

Enfin, le 12 octobre 2009 dans les colonnes du Nouvel Observateur, Manuel Valls se déclare « en désaccord total » avec la proposition de dépénalisation ou de légalisation encadrée du cannabis faite par Daniel Vaillant qui visait pourtant, à priver les trafiquants d’une source de revenus.

 

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Jean-Marc Ayrault
Premier ministre

Jean-Marc Ayrault est le Premier ministre du gouvernement depuis mai 2012, nommé par François Hollande après son élection à la présidence de la République. Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale depuis 1997, il figure parmi les plus anciens élus socialistes. Considéré comme un homme sérieux et discret, timide pour les uns, austère pour les autres, il s'implique très tôt dans la vie politique régionale puis nationale. Sa constance à ces deux niveaux d'administration et la densité de son cheminement politique lui ont conféré une stature d'homme d'Etat.

Jean-Marc (Joseph, Marcel) Ayrault est né le 25 janvier 1950 à Maulévrier, dans le département du Maine-et-Loire. Il est le fils de Joseph Ayrault (né en 1921), ancien ouvrier agricole puis textile avant d'embrasser des fonctions d'encadrement, et de Georgette Uzenot (née en 1928), couturière. Aîné d'une fratrie de cinq enfants, il est issu d'une famille catholique où priment les valeurs de travail et de rigueur.

L'actuel chef de gouvernement adhère rapidement à des mouvements politiques de jeunes chrétiens, initialement au sein du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne de sa ville natale. Ce courant, marqué par une vision libératrice de la religion au milieu des années 1960, semble avoir joué un rôle essentiel dans sa formation politique, par l'adoption notamment de certains principes marxistes comme outils d'analyse de la société. Il rejoint ensuite la Jeunesse ouvrière chrétienne puis, enfin, l'Action catholique ouvrière.

Son premier mentor politique, Bernard Hazo, est membre de la Convention des institutions républicaines. Créée par François Mitterrand, cette dernière jouera un rôle essentiel dans la préparation du Congrès d’Epinay de 1971, au lendemain duquel Jean-Marc Ayrault adhére au Parti socialiste (PS) dans la section de Saint-Herblain. Il en devient le secrétaire dès 1974.

Ses études supérieures à la faculté des lettres de Nantes lui permettent d'obtenir un CAPES d'allemand en 1973 et d'enseigner cette langue jusqu'en 1986. Il entame son envol d'élu politique en 1976, à 26 ans, comme conseiller général de Saint-Herblain, jusqu'en 1982. Il est, dès l'année suivante, élu maire de cette ville, jusqu'en 1989, devenant ainsi le plus jeune chef de France d'une commune de plus de 30 000 habitants.

L'ancrage de Jean-Marc Ayrault dans la vie politique locale est définitivement consolidé après son élection en 1989, dès le premier tour, à la mairie de Nantes. Cette ville, initialement aux mains de la droite, le reconduira à la tête du Conseil municipal à trois reprises en 1995, 2001 (là encore dès le premier tour) et 2008. Véritable carte de visite de son action politique locale, la cité des Ducs lui confèrera une grande visibilité nationale. La fermeture des chantiers navals quelques années avant sa première élection lui donne l'occasion de remodeler durablement l'image de la métropole régionale. Il construit également, de façon progressive, le projet de la Communauté urbaine de Nantes, rebaptisée Nantes Métropole, dont il est président depuis 2002. Il retirera un bilan positif de son action globale, difficile à condamner par l'opposition.

Siégeant au comité directeur du PS depuis 1979, et au bureau exécutif national depuis 1981, il se rallie à Lionel Jospin à partir de 1994. Ce dernier l'affecte en 1997, en accord avec François Hollande, à la présidence du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, charge qu'il conservera jusqu'à sa nomination à l'actuel poste de Premier ministre. Jean-Marc Ayrault se rallie dans la foulée à Lionel Jospin, jusqu’à ce que celui-ci décide de quitter la scène politique française en 2002 après sa défaite au premier tour de l'élection présidentielle.

Caressant un destin de représentation nationale, le chef de gouvernement en exercice se tourne alors vers la Chambre basse, où il est élu député de Loire-Atlantique en 1986, avant d'y être réélu à cinq reprises jusqu'en 2007. Sa réélection en 2002 se fera, là encore, dès le premier tour.

Jean-Marc Ayrault se prononce en septembre 2006 pour la candidature de Ségolène Royal à la campagne présidentielle de 2007, qu'elle perdra face à Nicolas Sarkozy. Le maire de Nantes prend ensuite ses distances avec elle dès 2008, soutenant la motion de Bertrand Delanoë durant le congrès du PS à Reims. Considéré également comme un fidèle de François Hollande, il soutient ce dernier au cours de l'élection primaire socialiste de 2011 face à Martine Aubry, avant de participer activement à sa campagne présidentielle comme conseiller spécial. Le plébiscite de l'actuel président de la République avec 51,67% des voix au second tour plaidait pour la nomination d'une personnalité consensuelle, susceptible de rassembler les Français. Jean-Marc Ayrault commence ainsi à être considéré comme l'un des favoris pour le poste de Premier Ministre. Sa réputation d'homme attentif aux autres, ne faisant pas de distinction entre ses interlocuteurs, quelles que soient leurs origines, a notamment joué en sa faveur.

L'ancien premier magistrat de la cité des Ducs avait lui-même annoncé qu'il ne cumulerait pas les mandats s'il était appelé à des responsabilités ministérielles. Son premier adjoint à la mairie de Nantes, Patrick Rimbert, et successeur désigné depuis longtemps, l'a remplacé à la tête de la municipalité nantaise après sa nomination à Matignon. Ce dernier envisage par ailleurs de mettre fin à sa carrière politique en 2014, année des prochaines élections municipales. Cette perspective présente l'avantage pour l'actuel chef du gouvernement, selon ce que sera son parcours à l'Hôtel Matignon, de pouvoir briguer un nouveau mandat qui le réinstallerait à la tête de la ville de Nantes.

 

Amateur de John Le Carré, un de ses auteurs favoris, et de Frédéric Dard, créateur de San-Antonio, Jean-Marc Ayrault affiche un attrait pour le cinéma d'auteur. Il ne s'interdit pas toutefois de craquer pour le film Coup de foudre à Notting Hill, bluette sentimentale légère obéissant à un romantisme convenu. /// Sa mèche rangée et son apparente froideur, qu'il préfère qualifier de timidité, n'empêchent pas l'ancien député-maire de Nantes d'apprécier "les bons repas entre amis", l'actuel président de la République allant jusqu'à le qualifier de "bon vivant". Ce partisan du "zéro sport" préfère toutefois éviter les desserts, synonymes d'embonpoint. /// Amateur de contrepèteries, ce fidèle de François Hollande n'hésite pas, dans son bureau municipal, à triturer un cochon rose anti-stress en caoutchouc. Et avoue avoir un faible pour les vacances en camping-car, en compagnie de sa femme.

 

Président de l’Association des maires de grandes villes de France au milieu des années 1990, Jean-Marc Ayrault est également vice-président du Groupe d'amitié franco-géorgien et secrétaire du Groupe d'amitié franco-allemand. L'actuel chef de l'Hôtel Matignon s'est en outre fait remarquer en 2008 en accueillant le Dalaï-Lama, leader spirituel du Tibet et prix Nobel de la Paix, dans sa ville, où le roi Henri IV ratifia l'Edit de Nantes en 1598, symbole de la liberté de culte.

L'ancien président du Groupe socialiste à la Chambre des députés, qui avait joué un rôle important dans l'adoption du Pacte civil de solidarité voté en 1999, se prononce aujourd'hui pour la ratification d'une loi en faveur du mariage homosexuel.

Nantes Passion, le journal municipal au budget d'impression annuel de près d'un million d'euros à la fin des années 1990, aura soulevé d'autres ardeurs que celles attendues par Jean-Marc Ayrault. Ce dernier, après avoir été mis en examen pour "non-respect du code des marchés publics" a en effet été condamné pour favoritisme, en 1997, à six mois de prison avec sursis et à plus de 4 500 euros d'amende. Il avait octroyé, pendant deux années consécutives, le marché d'impression de la revue nantaise sans mise en concurrence, ni recours à des appels d'offres, ni réalisation de contrat. Cette condamnation aurait pu empêcher la nomination de Jean-Marc Ayrault, François Hollande ayant clamé, en avril 2012, son souhait d'une République "irréprochable".

Le futur Aéroport du grand Ouest demeure toutefois le projet le plus épineux de l'ancien maire de Nantes. Prévu pour être construit en 2017 à Notre-Dame-des-Landes, commune de moins de 2 000 habitants située à 30 km au nord de la métropole régionale, il cristallise une vive opposition générale malgré sa validation par l'Etat et son soutien à la fois par le PS et l'Union pour un mouvement populaire. Contesté notamment par le MoDem, Europe Ecologie-Les Verts et le Parti de Gauche, avec l'appui de nombreuses associations locales et celui de la Confédération paysanne, ce projet au coût total annoncé de 561 millions d'euros implique entre autres dommages la disparition d'exploitations agricoles et de 98% de terres classées "zone humide". Saisie par les habitants de la commune, la Cour européenne de justice pourrait s'opposer à la dégradation de ces réserves de biodiversité.

La procédure d'expropriation des propriétaires et exploitants situés sur la zone de concession du futur aéroport, ayant refusé un accord amiable, a pris effet en janvier 2012. Elle a conduit certains opposants au projet à entamer une grève de la faim, environ deux semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle, grève qui dura pendant près d'un mois. Trois jours avant le second tour du scrutin, François Hollande, regrettant que le projet d'aéroport soit devenu "un sujet de fixation", lance un appel à "ouvrir une discussion et une concertation". Moins d'une semaine plus tard, le Conseil général de Loire-Atlantique, le Conseil régional des Pays de la Loire et la ville de Nantes émettent le souhait "qu'il n'y ait pas d'expulsion avant la fin des recours déposés […]". L'actuel locataire de la rue de Varenne s'empressait d'ajouter, peu de temps après que le texte commun ait été transmis à la presse : "c'est un signe de dialogue, ça ne veut pas dire que le projet est abandonné ".

L'ancien premier magistrat de la cité des Ducs a également contribué à la renommée culturelle de sa ville. Il y a développé, pour ne parler que des réalisations les plus connues, des infrastructures telles que le Lieu unique ou les Machines de l'Île, rénové des musées, encouragé l'ancrage de compagnies telles que Royal de Luxe ou encore pérennisé des festivals comme celui de l'Estuaire ou des Trois continents. Certains de ses opposants lui reprochent toutefois de préférer une culture "événementielle" à une culture de fond.

Jean-Marc Ayrault a par ailleurs œuvré à l'établissement d'une mémoire permanente du passé négrier de Nantes. Un Mémorial de l'abolition de l'esclavage y a été inauguré en mars 2012, rappelant que la première ville négrière de France, opposée à l'arrêt de la traite d'esclaves au XIXe siècle, fut aussi la dernière à armer des bateaux à cet effet.

Jean-Marc Ayrault est marié depuis 1971 à Brigitte Terrien, qu'il épouse alors qu'elle est encore étudiante en Lettres modernes. Originaire de Maulévrier et enseignante comme son époux, elle donnera naissance à deux filles : Ysabelle, en 1974, et Elise, en 1977. L'actuel Premier ministre a également une petite-fille, Sarah, née en 2006. Brigitte Terrien s'est par ailleurs vue confier la charge de conseillère générale du canton de Saint-Herblain-Ouest-Indre de 1982 à 2001. Elle remplaçait son mari, alors nouvellement élu maire de Saint-Herblain en 1982.

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Manuel Valls
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Né à Barcelone en 1962, ce fils d’artiste peintre a surtout été influencé par son grand père qui était rédacteur en chef d’un journal de gauche. Pendant la guerre civile espagnole, ce républicain grand teint réussit à cacher des anarchistes et des prêtres persécutés par les franquistes. C’est un des cousins de son père, Manuel Valls i Gorina, qui compose l’hymne du FC Barcelone ! Mais sa famille décide  d’émigrer en France et Manuel Valls obtient la nationalité française grâce à une procédure de naturalisation. Aujourd’hui, marié à la violoniste Anne Gravoin, il a quatre enfants d’un premier mariage.  

 

Etudes et débuts de carrière politique

Sa conscience politique est précoce. En 1980, à l’âge de 17 ans, il adhère au Parti Socialiste pour soutenir Michel Rocard car au sein du PS, il appartient à cette deuxième gauche, davantage  pragmatique que celle de François Mitterrand, plus à gauche. Pourtant, lors des élections présidentielles de 1981, il ne peut pas voter car il n’est pas encore naturalisé. Il ne renonce pas à la politique et pendant ses études  universitaires d’histoire à l’université Paris 1-Tolbiac, il adhère au syndicat étudiant socialiste, l’UNEF-ID où il joue le rôle de modérateur. Mais ce sera surtout au sein des réseaux rocardiens que Manuel Valls va trouver sa place. Il est pressé et à l’âge de 24 ans, le jeune homme est élu au conseil municipal d’Ile-de-France et devient premier vice-président.

Deux ans plus tard, en 1988, il est nommé par Michel Rocard alors premier ministre de François Mitterrand, consultant pour les affaires étudiantes. Après la démission de Rocard en 1992, il retrouve son poste au conseil régional d’Ile de France, qu’il ne quittera qu’en 2002. Quoique vaincu en 1997, au premier tour des élections législatives dans la 5ème circonscription du Val-d’Oise, sa carrière politique rebondit grâce à une nouvelle nomination dans un cabinet ministériel. Il devient conseiller pour la communication et la presse auprès du Premier ministre, Lionel Jospin. C’est notamment à ce poste qu’il noue des liens avec des membres du New Labor de Tony Blair.

 

Le député-maire d’Evry (2001-2007)

C’est en 2001 que Manuel Vals est élu maire d’Evry, ville nouvelle au sud de Paris créée dans les années 1960. Tout s’enchaine alors puisqu’un an plus tard, il est élu à l’Assemblée nationale française en tant que député pour la circonscription de l’Essonne. Mandat qu’il conservera en 2007.  Il garde aussi son mandat de maire d’Evry avec 60,12% des voix. Sa gestion de la commune est remarquée car  tout en défendant les couches populaires, il refuse l’angélisme sur les questions sécurité. Ainsi, pendant les émeutes de l’automne 2005, il est le seul socialiste à s’abstenir de critiquer l’instauration du couvre-feu. De même, pour lutter contre la ghettoïsation d’un quartier d’Evry, il n’hésite pas à s’opposer à l’installation d’un supermarché halal dans sa commune.

En 2007, par exemple, il propose aux commerçants d’installer un dispositif de télésurveillance pour lutter contre l’insécurité de certains quartiers d’Evry. Il déclare : « Aucun recoin de la ville ne doit être laissé aux voyous ». Pour changer l’image d’Evry et obtenir le calme, il double, en l’espace de six ans, les effectifs de la police municipale. Son objectif est de redorer le blason de la ville d’Evry et pour se faire, il ne lésine pas sur la communication – un de ses dadas -  pour faire parler de son action politique. Dès son arrivée à la tête de la ville, il crée, un nouveau logo pour Evry, remplace le bulletin municipal par trois revues en couleurs. Entre 2000 et 2003, les dépenses liées à la communication augmentent de… 852,6% ! En parallèle, de nouveaux promoteurs lancent de nombreux chantiers car l’objectif est d’attirer une classe sociale plus élevée dans le centre-ville.

 

Affirmation de sa différence au sein de PS

Avec le référendum de 2004 sur le traité constitutionnel Européen, Manuel Vals affiche sa différence avec la majorité des dirigeants socialistes. Ce refus de la Constitution européenne met en difficulté François Hollande alors premier secrétaire du PS. Valls est suspecté de manœuvres pour s’emparer du parti, critique à laquelle il réplique non sans ironie : « Ce bruit m’honore et fait monter mon ego déjà grand de plusieurs mètres». Manuel Vals fait en définitive volte face et au fur et à mesure de la campagne change radicalement de position, déclarant : « J’étais partisan du non, mais face à la montée du non, je vote oui ». Il votera avec d’autres élus de gauche «pour » la réforme du titre XV de la constitution permettant la ratification du Traité de Lisbonne (2007) lors du Congrès du Parlement français le 4 février 2008

Ces positions ne font qu’exacerber l’hostilité de ses adversaires au sein du Parti Socialiste, qui le désignent comme un homme à droite de la gauche. Lui préfère se présenter comme un partisan d’un social-libéralisme à la française pour lequel la société de marché, le travail, la lutte contre l’insécurité, la refonte de la loi de 1905 sur la laïcité ne doivent plus être des questions taboues à gauche. D’ailleurs, après la défaite de Ségolène Royal lors de la présidentielle de 2007, il s’en prend violemment à François Hollande, qu’il accuse d’immobilisme.

Depuis 2007, il multiplie les coups d’éclat et se considère comme un pragmatique qui entend expérimenter de nouvelles voies qui fonctionnent dans les pays voisins quitte à bousculer les orthodoxes du PS. Il a même évoqué publiquement la possibilité de changer le nom du Parti Socialiste pour entériner la modernisation de la gauche. En  2007, Manuel Valls lance aussi son propre club de réflexion : « Cercle 21, Gauche et modernité », fin octobre 2007. Il veut faire évoluer le PS car selon lui, le parti doit actualiser sa doctrine pour devenir un parti social-démocrate acceptant de gouverner avec le centre.

Il soutient Ségolène Royal en novembre 2008 lors de l’élection du nouveau premier secrétaire du PS mais c’est Martine Aubry qui remporte l’élection avec une simple poignée de voix en plus. Des suspicions de fraudes circulent alors. Faisant suite aux contestations des résultats du Congrès de Reims du PS, Manuel Vals réclame l’arbitrage des tribunaux sur ces suspicions de fraude électorale dans les fédérations du Nord et de la Seine-Maritime favorables à Martine Aubry. La réponse de la première secrétaire du PS est publique et le 14 juillet 2009, elle fait publier une lettre ouverte à Manuel Valls dans les colonnes du journal Le Parisien : « Mon cher Manuel, s’il s’agit pour toi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à un parti auquel tu tiens, alors tu dois cesser ces propos publics et apporter en notre sein tes idées et ton engagement ». Elle poursuit : « Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste. [...] Je te demande de me faire part de ton choix dans les jours qui viennent, et d’en assumer toutes les conséquences pour l’avenir »

Pourtant, plusieurs personnalités du PS comme Gérard Collomb, Jean-Noël Guérini ou Jean-Pierre Mignard soutiennent Manuel Valls face à Martine Aubry. Il ne compte pas quitter le parti et revoie à la Première secrétaire une lettre : « Je t’informe que j’entends bien rester fidèle à mon poste, à ma famille politique et à mes valeurs » mais précise « Je ne me ferai pas le silencieux complice de l’aveuglement ». Il ne s’arrête pas là dans sa fronde contre Martine Aubry et déclare le 2 janvier 2011, vouloir « déverrouiller les 35 heures », créant une nouvelle fois le trouble au sein du Parti socialiste.

Le 13 juin 2009, Manuel Valls annonce, son intention de se présenter à la primaire socialiste de 2011 en vue de l’élection présidentielle de 2012. Au soir du premier tour, le 9 octobre 2011, il est éliminé de la primaire avec un score de 6% des voix. Le soir de sa défaite, il rallie François Hollande pour le second tour qui le nomme au sein de son équipe de campagne, directeur de la communication pour la campagne présidentielle de 2012.

 

Ses orientations politiques

Manuel Vals s’inscrit dans une culture et une démarche proche de la social-démocratie allemande et scandinave. Il s’est lui-même définit par le passé comme « blairiste » ou « clintonien », et dit s’inscrire dans la lignée de Pierre Mendès France, Michel Rocard ou encore  Lionel Jospin. Il s’estime d’ailleurs « réformiste plutôt que révolutionnaire », il souhaite « concilier la gauche avec la pensée libérale ». À l’été 2011 par exemple, il déclare au site Rue89 que « des hommes et des femmes comme Dominique de Villepin, François Bayrou ou Corinne Lepage, pour ne citer qu’eux, peuvent faire partie, s’ils le souhaitent, d’une majorité de large rassemblement ». Une logique qu’il poursuit dans les domaines de l’économie et de l’intégration européenne, il est favorable à l’instauration de la « TVA Sociale », visant à augmenter la TVA sur des produits qui ne sont pas de première nécessité en échange d’un allègement des cotisations sociales sur les salaires. Lors d’une interview au journal Le Monde, le 25 juillet 2011, il déclare : « Une politique fiscale devra passer par une augmentation de la TVA. C’est la TVA-protection ou sociale que je propose ».

Il plaide aussi pour l’allongement de la durée de cotisations pour fixer l’âge du départ à la retraite et l’alignement des régimes spéciaux de retraite sur le régime général. Il s’est de plus, déclaré favorable en 2010 au contrôle de la Commission européenne sur les budgets nationaux, jugeant cela « incontestablement » nécessaire. Il déclarait à l’AFP le 16 mai 2010 : « Dans le monde tel qu’il est, qui a besoin de grands ensembles, on a besoin davantage d’intégration de nos politiques économiques, davantage de coordination, c’est vrai sur le plan monétaire, c’est vrai sur le plan budgétaire et c’est vrai sur le plan fiscal ». Sur le plan social, son principal souci est d’en finir avec la vieille garde du parti socialiste et pour ce faire, il se déclare favorable aux quotas d’immigration et approuve l’allongement de la cotisation de retraite à 41 ans.

Réformiste encore, il réclame une refonte de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État affirmant dans le magazine Réforme le 12 aout 2005 : « Personne ne veut y toucher, mais elle est contournée en permanence ; chacun cherche un subterfuge pour arriver à ses fins. […] Notre pays ne peut donc échapper à la révision même si ce n’est pas une révision avec un grand R. La loi a d’ailleurs été plusieurs fois modifiée depuis son adoption. La République pourrait s’offrir ainsi un moment symbolique pour donner un souffle nouveau à la laïcité. Il faut une révision publique de l’application de la laïcité qui passe par un débat parlementaire. Voilà un beau moyen de remettre l’idéal laïc au cœur de la société française et d’en faire une valeur partagée ».

Enfin, le 12 octobre 2009 dans les colonnes du Nouvel Observateur, Manuel Valls se déclare « en désaccord total » avec la proposition de dépénalisation ou de légalisation encadrée du cannabis faite par Daniel Vaillant qui visait pourtant, à priver les trafiquants d’une source de revenus.

 

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Jean-Marc Ayrault
Premier ministre

Jean-Marc Ayrault est le Premier ministre du gouvernement depuis mai 2012, nommé par François Hollande après son élection à la présidence de la République. Président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale depuis 1997, il figure parmi les plus anciens élus socialistes. Considéré comme un homme sérieux et discret, timide pour les uns, austère pour les autres, il s'implique très tôt dans la vie politique régionale puis nationale. Sa constance à ces deux niveaux d'administration et la densité de son cheminement politique lui ont conféré une stature d'homme d'Etat.

Jean-Marc (Joseph, Marcel) Ayrault est né le 25 janvier 1950 à Maulévrier, dans le département du Maine-et-Loire. Il est le fils de Joseph Ayrault (né en 1921), ancien ouvrier agricole puis textile avant d'embrasser des fonctions d'encadrement, et de Georgette Uzenot (née en 1928), couturière. Aîné d'une fratrie de cinq enfants, il est issu d'une famille catholique où priment les valeurs de travail et de rigueur.

L'actuel chef de gouvernement adhère rapidement à des mouvements politiques de jeunes chrétiens, initialement au sein du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne de sa ville natale. Ce courant, marqué par une vision libératrice de la religion au milieu des années 1960, semble avoir joué un rôle essentiel dans sa formation politique, par l'adoption notamment de certains principes marxistes comme outils d'analyse de la société. Il rejoint ensuite la Jeunesse ouvrière chrétienne puis, enfin, l'Action catholique ouvrière.

Son premier mentor politique, Bernard Hazo, est membre de la Convention des institutions républicaines. Créée par François Mitterrand, cette dernière jouera un rôle essentiel dans la préparation du Congrès d’Epinay de 1971, au lendemain duquel Jean-Marc Ayrault adhére au Parti socialiste (PS) dans la section de Saint-Herblain. Il en devient le secrétaire dès 1974.

Ses études supérieures à la faculté des lettres de Nantes lui permettent d'obtenir un CAPES d'allemand en 1973 et d'enseigner cette langue jusqu'en 1986. Il entame son envol d'élu politique en 1976, à 26 ans, comme conseiller général de Saint-Herblain, jusqu'en 1982. Il est, dès l'année suivante, élu maire de cette ville, jusqu'en 1989, devenant ainsi le plus jeune chef de France d'une commune de plus de 30 000 habitants.

L'ancrage de Jean-Marc Ayrault dans la vie politique locale est définitivement consolidé après son élection en 1989, dès le premier tour, à la mairie de Nantes. Cette ville, initialement aux mains de la droite, le reconduira à la tête du Conseil municipal à trois reprises en 1995, 2001 (là encore dès le premier tour) et 2008. Véritable carte de visite de son action politique locale, la cité des Ducs lui confèrera une grande visibilité nationale. La fermeture des chantiers navals quelques années avant sa première élection lui donne l'occasion de remodeler durablement l'image de la métropole régionale. Il construit également, de façon progressive, le projet de la Communauté urbaine de Nantes, rebaptisée Nantes Métropole, dont il est président depuis 2002. Il retirera un bilan positif de son action globale, difficile à condamner par l'opposition.

Siégeant au comité directeur du PS depuis 1979, et au bureau exécutif national depuis 1981, il se rallie à Lionel Jospin à partir de 1994. Ce dernier l'affecte en 1997, en accord avec François Hollande, à la présidence du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, charge qu'il conservera jusqu'à sa nomination à l'actuel poste de Premier ministre. Jean-Marc Ayrault se rallie dans la foulée à Lionel Jospin, jusqu’à ce que celui-ci décide de quitter la scène politique française en 2002 après sa défaite au premier tour de l'élection présidentielle.

Caressant un destin de représentation nationale, le chef de gouvernement en exercice se tourne alors vers la Chambre basse, où il est élu député de Loire-Atlantique en 1986, avant d'y être réélu à cinq reprises jusqu'en 2007. Sa réélection en 2002 se fera, là encore, dès le premier tour.

Jean-Marc Ayrault se prononce en septembre 2006 pour la candidature de Ségolène Royal à la campagne présidentielle de 2007, qu'elle perdra face à Nicolas Sarkozy. Le maire de Nantes prend ensuite ses distances avec elle dès 2008, soutenant la motion de Bertrand Delanoë durant le congrès du PS à Reims. Considéré également comme un fidèle de François Hollande, il soutient ce dernier au cours de l'élection primaire socialiste de 2011 face à Martine Aubry, avant de participer activement à sa campagne présidentielle comme conseiller spécial. Le plébiscite de l'actuel président de la République avec 51,67% des voix au second tour plaidait pour la nomination d'une personnalité consensuelle, susceptible de rassembler les Français. Jean-Marc Ayrault commence ainsi à être considéré comme l'un des favoris pour le poste de Premier Ministre. Sa réputation d'homme attentif aux autres, ne faisant pas de distinction entre ses interlocuteurs, quelles que soient leurs origines, a notamment joué en sa faveur.

L'ancien premier magistrat de la cité des Ducs avait lui-même annoncé qu'il ne cumulerait pas les mandats s'il était appelé à des responsabilités ministérielles. Son premier adjoint à la mairie de Nantes, Patrick Rimbert, et successeur désigné depuis longtemps, l'a remplacé à la tête de la municipalité nantaise après sa nomination à Matignon. Ce dernier envisage par ailleurs de mettre fin à sa carrière politique en 2014, année des prochaines élections municipales. Cette perspective présente l'avantage pour l'actuel chef du gouvernement, selon ce que sera son parcours à l'Hôtel Matignon, de pouvoir briguer un nouveau mandat qui le réinstallerait à la tête de la ville de Nantes.

 

Amateur de John Le Carré, un de ses auteurs favoris, et de Frédéric Dard, créateur de San-Antonio, Jean-Marc Ayrault affiche un attrait pour le cinéma d'auteur. Il ne s'interdit pas toutefois de craquer pour le film Coup de foudre à Notting Hill, bluette sentimentale légère obéissant à un romantisme convenu. /// Sa mèche rangée et son apparente froideur, qu'il préfère qualifier de timidité, n'empêchent pas l'ancien député-maire de Nantes d'apprécier "les bons repas entre amis", l'actuel président de la République allant jusqu'à le qualifier de "bon vivant". Ce partisan du "zéro sport" préfère toutefois éviter les desserts, synonymes d'embonpoint. /// Amateur de contrepèteries, ce fidèle de François Hollande n'hésite pas, dans son bureau municipal, à triturer un cochon rose anti-stress en caoutchouc. Et avoue avoir un faible pour les vacances en camping-car, en compagnie de sa femme.

 

Président de l’Association des maires de grandes villes de France au milieu des années 1990, Jean-Marc Ayrault est également vice-président du Groupe d'amitié franco-géorgien et secrétaire du Groupe d'amitié franco-allemand. L'actuel chef de l'Hôtel Matignon s'est en outre fait remarquer en 2008 en accueillant le Dalaï-Lama, leader spirituel du Tibet et prix Nobel de la Paix, dans sa ville, où le roi Henri IV ratifia l'Edit de Nantes en 1598, symbole de la liberté de culte.

L'ancien président du Groupe socialiste à la Chambre des députés, qui avait joué un rôle important dans l'adoption du Pacte civil de solidarité voté en 1999, se prononce aujourd'hui pour la ratification d'une loi en faveur du mariage homosexuel.

Nantes Passion, le journal municipal au budget d'impression annuel de près d'un million d'euros à la fin des années 1990, aura soulevé d'autres ardeurs que celles attendues par Jean-Marc Ayrault. Ce dernier, après avoir été mis en examen pour "non-respect du code des marchés publics" a en effet été condamné pour favoritisme, en 1997, à six mois de prison avec sursis et à plus de 4 500 euros d'amende. Il avait octroyé, pendant deux années consécutives, le marché d'impression de la revue nantaise sans mise en concurrence, ni recours à des appels d'offres, ni réalisation de contrat. Cette condamnation aurait pu empêcher la nomination de Jean-Marc Ayrault, François Hollande ayant clamé, en avril 2012, son souhait d'une République "irréprochable".

Le futur Aéroport du grand Ouest demeure toutefois le projet le plus épineux de l'ancien maire de Nantes. Prévu pour être construit en 2017 à Notre-Dame-des-Landes, commune de moins de 2 000 habitants située à 30 km au nord de la métropole régionale, il cristallise une vive opposition générale malgré sa validation par l'Etat et son soutien à la fois par le PS et l'Union pour un mouvement populaire. Contesté notamment par le MoDem, Europe Ecologie-Les Verts et le Parti de Gauche, avec l'appui de nombreuses associations locales et celui de la Confédération paysanne, ce projet au coût total annoncé de 561 millions d'euros implique entre autres dommages la disparition d'exploitations agricoles et de 98% de terres classées "zone humide". Saisie par les habitants de la commune, la Cour européenne de justice pourrait s'opposer à la dégradation de ces réserves de biodiversité.

La procédure d'expropriation des propriétaires et exploitants situés sur la zone de concession du futur aéroport, ayant refusé un accord amiable, a pris effet en janvier 2012. Elle a conduit certains opposants au projet à entamer une grève de la faim, environ deux semaines avant le premier tour de l'élection présidentielle, grève qui dura pendant près d'un mois. Trois jours avant le second tour du scrutin, François Hollande, regrettant que le projet d'aéroport soit devenu "un sujet de fixation", lance un appel à "ouvrir une discussion et une concertation". Moins d'une semaine plus tard, le Conseil général de Loire-Atlantique, le Conseil régional des Pays de la Loire et la ville de Nantes émettent le souhait "qu'il n'y ait pas d'expulsion avant la fin des recours déposés […]". L'actuel locataire de la rue de Varenne s'empressait d'ajouter, peu de temps après que le texte commun ait été transmis à la presse : "c'est un signe de dialogue, ça ne veut pas dire que le projet est abandonné ".

L'ancien premier magistrat de la cité des Ducs a également contribué à la renommée culturelle de sa ville. Il y a développé, pour ne parler que des réalisations les plus connues, des infrastructures telles que le Lieu unique ou les Machines de l'Île, rénové des musées, encouragé l'ancrage de compagnies telles que Royal de Luxe ou encore pérennisé des festivals comme celui de l'Estuaire ou des Trois continents. Certains de ses opposants lui reprochent toutefois de préférer une culture "événementielle" à une culture de fond.

Jean-Marc Ayrault a par ailleurs œuvré à l'établissement d'une mémoire permanente du passé négrier de Nantes. Un Mémorial de l'abolition de l'esclavage y a été inauguré en mars 2012, rappelant que la première ville négrière de France, opposée à l'arrêt de la traite d'esclaves au XIXe siècle, fut aussi la dernière à armer des bateaux à cet effet.

Jean-Marc Ayrault est marié depuis 1971 à Brigitte Terrien, qu'il épouse alors qu'elle est encore étudiante en Lettres modernes. Originaire de Maulévrier et enseignante comme son époux, elle donnera naissance à deux filles : Ysabelle, en 1974, et Elise, en 1977. L'actuel Premier ministre a également une petite-fille, Sarah, née en 2006. Brigitte Terrien s'est par ailleurs vue confier la charge de conseillère générale du canton de Saint-Herblain-Ouest-Indre de 1982 à 2001. Elle remplaçait son mari, alors nouvellement élu maire de Saint-Herblain en 1982.

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