Le débat national sur la transition énergétique s’ouvrira le 20 novembre avec la réunion de 80 acteurs du secteur (État, ONG, entreprises, syndicats, élus locaux et parlementaires), se poursuivra avec la tenue de débats en région et aboutira à l’élaboration du projet de loi de programmation sur les besoins énergétiques de la France, visant la réduction de la part de nucléaire de 75 à 50% d’ici à 2025. Delphine Batho s’y est engagée, il s’agira d’un débat « contradictoire, pluraliste et respectueux de la diversité des points de vue ». Engagement qui n’a pas convaincu les associations.
Alarmée par l’annonce de la composition du comité de pilotage du débat - cinq personnalités choisies par Delphine Batho : Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva, Laurence Tubiana, directrice de l’Institut du développement durable et des relations internationales, Jean Jouzel, climatologue membre du GIEC, Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace et directeur d’un cabinet de conseil en développement durable et Pascal Colombani, ancien administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique - l’association avait demandé un entretien avec la ministre de l’Écologie. Elle dénonce une représentation exclusive « des producteurs d’énergies sales » dans le secteur de l’entreprise et la présidence assurée par la ministre. Le directeur général Jean-François Julliard précise : « Les nominations d’Anne Lauvergeon et Pascal Colombani (…) peuvent être interprétées comme une volonté d’immobilisme de la part du gouvernement ».
Le 12 novembre, Delphine Batho a reçu l’association mais n’a pas réussi à la rassurer. Aucune de leurs demandes n’ayant été satisfaite, craignant que les conclusions soient « déjà décidées par d’autres » et ne voulant pas « servir une fois de plus de caution verte », Greenpeace a décidé de boycotter le débat. Rappelant certains « signaux extrêmement négatifs sur l’environnement », tels que le projet d’aéroport de Notre dame des Landes ou les travaux sur la centrale de Fessenheim, Jean-François Julliard a conclu : « Nous n’avons plus confiance dans la volonté du gouvernement d’un débat réellement ouvert et d’une réelle volonté de changement ». Manque de confiance partagé par plusieurs ONG, dont le RAC-F et FNE, qui ont rédigé un communiqué commun faisant état de leurs réserves « sur un débat qui démarre sur de telles bases » et réclamant « qu’au moins l’un des deux représentants de la filière nucléaire quitte ce comité et qu’un rééquilibrage soit réalisé, notamment en intégrant un représentant du monde de l’efficacité énergétique et en instaurant une présidence neutre. »
Anne-Laure Chanteloup