« La République française n'oubliera jamais ». François Hollande en a fait la promesse ce mardi lors de son allocution depuis le parvis du Mémorial de la Shoah à Paris en hommage aux 76 000 Juifs de France déportés sous le régime de Vichy. « Un crime qui n'avait pas de nom, tellement il était ignoble », « le plus grand crime jamais commis contre l'humanité », a-t-il dénoncé. « Vous, Français de confession juive, votre place est ici, chez vous. La France est votre patrie », a lancé le chef de l'État à l'occasion du 70ème anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau. Se voulant rassurant trois semaines après les attentats contre Charlie Hebdo et le supermarché casher de la Porte de Vincennes. Et alors que le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a annoncé ce mardi que « le nombre d'actes antisémites recensés sur le territoire français a doublé » l'année dernière. « Une réalité insupportable » et « une blessure terrible pour la République », selon les mots de François Hollande. « À tous nos concitoyens (...), je veux dire que la France protègera, protègera tous ses enfants, qu'elle ne tolèrera aucune insulte, aucun outrage, aucune profanation », a ajouté le président de la République, qui a annoncé la mise en place d'un « plan global » de lutte contre l'antisémitisme et le racisme.
Si ce plan sera présenté officiellement par le gouvernement d'ici à la fin du mois de février, François Hollande en a déjà dévoilé les grandes lignes. Il s'articulera autour de trois axes : « la sécurité », « la transmission » et « la régulation du numérique ». Dans un premier temps, le locataire de l'Élysée a ainsi rappelé que « le gouvernement de Manuel Valls a pris les dispositions qui convenaient pour que les synagogues, les commerces, les écoles, les centres culturels de la communauté juive soient protégés ». Mais il veut aller plus loin « en améliorant la visibilité et l'efficacité des sanctions, ce qui supposera de généraliser la caractérisation raciste et antisémite comme circonstance aggravante d'un délit, et de sortir la répression de la parole raciste et antisémite du droit de la presse pour l'intégrer au droit pénal général ». Avant d'ajouter : « Pour que la sanction soit l'occasion d'une prise de conscience, les peines alternatives à valeur pédagogique exemplaires seront développées. »
L'école sera aussi au centre de ce plan. « L'un des instruments pour désamorcer cette ignorance, c'est l'enseignement de l'histoire de la Shoah », a dit le président de la République. « Elle est au programme de l'école, du CM2, de la 3ème, de la 1ère. Elle doit pouvoir être enseignée partout sans aucune restriction. »
Enfin, François Hollande veut faire de la régulation numérique un des piliers du plan. Car, il faut, selon lui, « prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par Internet et les réseaux sociaux ». « Nous devons agir au niveau européen, et même international, pour qu'un cadre juridique puisse être défini, et que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquement. »
« L’œuvre du Mémorial est essentielle pour notre temps. Ici, la mémoire se conjugue à la réflexion pour conjurer la barbarie et inventer l'avenir », a écrit François Hollande sur le livre d'or du Mémorial.
Caroline Moisson
Pour en savoir plus :
Cérémonie au Mémorial de la Shoah (Élysée)