C’était prévisible. Les députés ont rejeté jeudi, la motion de censure déposée par l’opposition – UMP et UDI - contre le gouvernement. Celle-ci n’a récolté que 234 voix alors qu’il fallait la majorité absolue, soit 289 voix pour renverser le gouvernement de Manuel Valls. Visionnaire mais surtout de bon sens, Bruno Lemaire avait prédit quelques instants avant le scrutin : «Avec ce vote - et nous savons tous que cette motion de censure sera rejetée - nous clôturerons ce que nous pouvons appeler une péripétie parlementaire». Et selon la procédure prévue par l’article 49.3 de la Constitution, le projet de loi Macron est adopté en première lecture.
Il fera alors la navette jusqu’au Senat où la bataille va se poursuivre comme l’ont assuré dans un communiqué les sénateurs communistes, six des dix députés du Front de gauche ont en effet, voté la motion. « Le gouvernement a franchi au forceps la première étape de l'examen par l'Assemblée nationale de la loi Macron », peut-on lire dans ce communiqué. Ils estiment ce texte « profondément libéral inspiré, chapitre après chapitre, par les recommandations de Bruxelles ». Les communistes tranchent alors en estimant que le projet de loi « a perdu toute sa légitimité » et « doit être retiré ».
Critiques acerbes, demande de démission… rien de neuf
Juste avant le vote, les présidents de groupe politique à l’Assemblée Nationale, étaient venus s’exprimer au pupitre en restant bien dans leur rôle. Pas de surprise sous le ciel de l’Hémicycle. Ainsi, après avoir flagellé la politique du gouvernement, le chef de file des députés UMP, Christian Jacob, a appelé François Hollande à « renvoyer les députés devant les électeurs ». Rien de nouveau. Même lorsqu’il a poursuivi dans sa diatribe contre Manuel Valls : « Vous êtes à la tête d'une majorité chancelante qui vous oblige à parlementer. Chaque jour, vous vous coupez de vos troupes. Vous êtes à la merci de votre majorité, vous ne tenez plus le manche, vous ne pilotez plus ! ». Et comme de bien huilé, il a demandé la démission du Premier ministre.
Le président du groupe UDI, Philippe Vigier y a été aussi de sa virulence convenue : « Votre majorité est dans l'impasse, vous êtes dans l'impasse. Vous ne pouvez mener à bien les réformes indispensables au redressement du pays. Le quinquennat s'est donc arrêté mardi à 16h25 ». Manuel Valls a clôturé les débats en justifiant d’abord le passage en force du gouvernement : « L'autorité, c'est assumer ses responsabilités quand l'intérêt supérieur de la Nation l'exige ». Puis a conclut en agitant les petits démons de la droite. « Vous ne proposez aucune perspective, pas un mot, pas une proposition, pas une idée .Vous n'êtes que dans la posture et dans l'obstruction », leur a-t-il asséné.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
L’article 49.3 de la Constitution (Légifrance)
Au Senat où la bataille va se poursuivre (Ouest-France)