Débattre de l’évolution institutionnelle de la Corse, du statut de sa langue ou encore de la protection du foncier n’est plus le seul apanage des indépendantistes corses. Une première sur l’île de beauté : des partis traditionnels de gauche et de droite sont venus débattre le 5 juillet lors de la grand-messe indépendantiste des journées internationales de Corte. Et ils étaient invités par le leader de Corsica Libera, Jean-Guy Talamoni. Au programme, point de bombe artisanale ou d’indépendantistes cagoulés mais des responsables politiques soucieux de l’avenir de leur île.

Dans une interview à Corse Matin, Jean-Guy Talamoni avait justifié par avance cette ouverture en déclarant que « les nationalistes ne changeront pas les choses seuls et encore moins contre les autres forces politiques de l’île ». Il faut dire que c’est de soutien divers que les indépendantistes ont besoin car la collectivité territoriale de l’île a récemment validé en commission la notion de peuple corse. Notion censurée en 1991 par le conseil constitutionnel lors de l’élaboration du statut Joxe. Or, lors de sa campagne présidentielle, François Hollande avait été ferme sur le sujet : « aucune évolution institutionnelle » s’il accédait à l’Elysée.

Et le soutien vint contre toutes attentes du tout nouveau député UMP de Corse du Sud Laurent Marcangeli qui s’est empressé d’estimer que « à moyen et à long terme, la Corse ne doit pas avoir peur de l’autonomie dans le cadre de la République : elle est aussi mûre que la Sardaigne, la Sicile ou les Baléares ». De quoi réjouir ses nouveaux amis, et davantage encore lorsqu’il a déclaré dans la foulée : « Je souhaite saisir les Corses par un référendum local sur la question d’une réforme constitutionnelle ».

Véronique Pierron