Les quartiers nord de Marseille font encore parler d'eux . Cette fois, « l’incident » s’est produit dans la cité de la Castellane. Et en fait d’incident, ce sont deux hommes cagoulés qui ont aspergé un véhicule de police à la Kalachnikov. Dans le véhicule se trouvait Pierre-Marie Bourniquel, directeur départemental de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône. Il était sur place suite à des appels d’habitants qui avaient signalés la présence d’hommes armés et cagoulés dans le quartier. Les balles ont manqué le véhicule de peu pour se ficher dans le talus en surplomb. Le groupe d’intervention de la police nationale (GIGN) s’est presque tout de suite déployé dans la cité de la Castellane où après quelques échanges de coups de feu, les entrées ont été bouclées. Les 7 000 habitants de la cité ont été assignés à résidence le temps que les choses se calment alors qu’une crèche a été évacuée. Des collégiens ont eux aussi, été confinés dans leur établissement. Un « incident » qui intervient quelques heures avant l’arrivée de Manuel Valls venu saluer, ironie de l’histoire, une baisse de la délinquance dans la Cité Phocéenne.
Pas de lien entre la visite du premier ministre et les coups de feu
Caroline Pozmentier, adjointe à la sécurité du maire UMP de Marseille, a tout de suite évacué le lien entre l’attaque et la visite du premier ministre à Marseille. « C'est au hasard des guerres de territoires », a-t-elle souligné en estimant que l'incident était probablement lié au trafic de drogue dans la cité. « Nous sommes à 99,9% convaincus que c'est une affaire sur fond de trafic de drogue, de règlement de comptes ». D’ailleurs, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve qui accompagnait Manuel Valls, a révélé que sept Kalachnikovs et une vingtaine de kilos de drogue ont été saisis par la police. « Plus nous allons démanteler de réseaux (...), plus il y aura dans les quartiers des gens qui essaieront de défendre leur périmètre », a remarqué Bernard Cazeneuve. D’ailleurs des empreintes et des traces ADN relevées sur place permettront selon le ministre de l’intérieur d'interpeller les suspects.
Pas de fatalité
« La violence, la délinquance, les trafics ne sont pas une fatalité », a déclaré ensuite Manuel Valls dans un discours devant les forces de l'ordre à la préfecture de police de Marseille tout en admettant que le « simple fait de porter un uniforme » faisait des policiers une cible. Manuel Valls a malgré tout, dressé un bilan positif des mesures prises à Marseille lorsqu'il était encore ministre de l'Intérieur et qui ont permis de réduire la délinquance de manière « significative », dit-il, ces deux dernières années. Les atteintes aux personnes ont ainsi baissé de 29% à Marseille et les violences physiques aux personnes de 46%. Plus concrètement, les règlements de compte ont coûté la vie à 10 personnes en 2014, contre 18 en 2013, et 216 armes ont été saisies. « Il y aura encore des rechutes », a observé Manuel Valls en estimant que « l'approche globale » menée dans quarante cités de Marseille, qui consiste à investir durablement les lieux du trafic de drogue, donnait des résultats.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus:
Baisse de la délinquance dans la Cité Phocéenne (Le Parisien)
Mesures prises à Marseille par Manuel Valls (Sud Ouest)