Ministre du Droit des Femmes et Porte-parole : Qui est Najat Vallaud-Belkacem ?

samedi 26 mai 2012

En dix ans de vie politique, Najat Vallaud-Belkacem a su gravir les échelons de façon fulgurante. Bien que la politique ne lui soit « pas venue naturellement », elle devient notamment, adjointe au maire de Lyon, conseillère générale du Rhône, porte-parole de Ségolène Royal (en 2007 et 2009), puis de François Hollande (en 2011), avant d’être nommée ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement le 16 mai 2012 et de devenir, à 34 ans, la benjamine du gouvernement Jean-Marc Ayrault.

Najat Belkacem naît à Beni Chicker, au Maroc, le 4 octobre 1977 et rejoint son père, ouvrier dans le bâtiment, en France en 1982. Elle grandit dans la banlieue d’Amiens avec ses parents et ses six frères et sœurs.

Après une licence en droit, elle intègre l’Institut d’études politiques de Paris. C’est au cours de ses études qu’elle a sa première expérience politique, en tant qu’assistante parlementaire de la députée socialiste de l’Oise, Béatrice Marre. Elle obtient son diplôme de Science Po Paris en 2000 puis démarre sa carrière professionnelle comme juriste au sein d’un cabinet d’avocats au Conseil d’État et à la Cour de Cassation. Activité qu’elle poursuit pendant trois ans. Elle prépare parallèlement le concours d’entrée à l’ENA, auquel elle échoue deux fois à l’oral, et rencontre Caroline Collomb qui lui présentera son mari, le sénateur et maire de Lyon, Gérard Collomb.

C’est après le choc du 21 avril 2002, qui a vu le candidat socialiste évincé au premier tour de l’élection présidentielle par le candidat du Front national, qu’elle décide d’adhérer au Parti socialiste.

 

En 2003, elle commence à travailler en tant que chargée de mission sur les questions de démocratie de proximité au sein de l’équipe du maire de Lyon, Gérard Collomb, où elle s’investit dans la lutte contre les discriminations, la promotion des droits des citoyens et l’accès au logement et à l’emploi.

Puis, elle obtient son premier mandat électif de conseillère régionale Rhône-Alpes, sur la liste de Jean-Jack Queyranne, en 2004, à l’âge de 27 ans (jusqu’en 2008). En charge de la culture, elle préside la commission dédiée à ce domaine. Elle qualifie ce premier mandat de « hasard heureux », car lorsqu’elle montra peu d’enthousiasme à la proposition de Jean-Jack Queyranne de figurer sur sa liste, il la rassura en lui disant qu’elle ne serait pas élue.

 

Selon un proche de la jeune femme, le conseiller général Thierry Philip, le maire de Lyon et la tête de liste ont joué un grand rôle dans la carrière de Najat Belkacem, qu’il qualifie de « bébé Collomb » et de « bébé Queyranne »,  dans un entretien accordé à Lyonmag.

En 2005, elle s’essaie à la télévision, avec quelques chroniques culturelles diffusées dans l’émission de Stéphane Cayrol C’est tout vu ! sur Télé Lyon métropole (TLM), mais surtout elle est nommée conseillère nationale au PS, par François Hollande.

Après une première rencontre à Lyon, Ségolène Royal et Najat Vallaud-Belkacem se croisent à nouveau lors d’un vol Porto-Paris, au cours duquel la jeune femme lui dit : « Je veux me mettre à ton service. Utilise-moi comme tu veux. » Et effectivement, lors de la campagne présidentielle de 2007, elle est l’une des trois porte-parole de la candidate socialiste (aux côtés de Vincent Peillon et d’Arnaud Montebourg).

Puis, toujours en 2007, elle se présente aux élections législatives dans la 4e circonscription de Lyon, qu’elle perd face à Dominique Perben, mais avec 43% des votes.

Cette même année, elle est nommée, par le roi Mohammed VI, membre du conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Suite à la polémique, lancée en 2012, par la députée UMP Valérie Rosso-Debord, sur son appartenance à ce conseil, elle précisera à l’AFP avoir quitté cet organisme en 2011 et qu’il s’agissait d’« un engagement volontaire et bénévole au service de l'intérêt général et du dialogue entre les cultures, un parmi tant d'autres. » Elle ajoutera : « Pourquoi le découvrir maintenant à 7 jours d'une élection présidentielle ? »

En 2008, elle démissionne de son poste de conseillère régionale déléguée à la culture afin de pouvoir assumer ses nouvelles fonctions. Elle vient d’être élue conseillère générale du Rhône (canton Lyon XIII-Montchat) et conseillère municipale du 3e arrondissement de Lyon et Gérard Collomb la nomme 6e adjointe, déléguée aux grands événements, à la vie associative et à la jeunesse et enfin, elle siège au conseil communautaire du Grand Lyon.

2009 est l’année où elle devient, au sein du Parti socialiste, secrétaire nationale chargée des questions de société. Elle gère notamment les dossiers relatifs à la bioéthique ainsi qu’aux droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres.

 

Outre, son activité politique, à partir de 2010, elle dispense un cours sur « la prospective politique » à Sciences Po Paris, dans le cadre du master « affaires publiques ». 2010 est également l’année de sortie du livre qu’elle a coécrit avec le sociologue Éric Keslassy, Pluralité visible et égalité des opportunités. Puis en 2011, c’est avec Guillaume Bachelay, qu’elle collabore pour écrire Réagissez ! – Répondre au FN de A à Z. Son troisième ouvrage Raison de plus ! sera publié en 2012.

Elle reprend son poste de porte-parole auprès de Ségolène Royal, dans le cadre des primaires socialistes de 2011 et le conserve, une fois François Hollande investi. En effet, il la nomme parmi ses quatre porte-parole (avec Delphine Batho, Bruno Le Roux et Bernard Cazeneuve).

Outre le porte-parolat du candidat socialiste, elle se lance à nouveau dans la course des législatives. Bien que la commission lui ait proposé un parachutage dans la 6e circonscription du Rhône, dans Villeurbanne, réputée imperdable pour le PS, elle préfère relever le défi dans le fief de Dominique Perben, la 4e circonscription de Lyon, la ville qui l’a vu grandir politiquement et où elle a « une légitimité politique ». Après l’élection de François Hollande, elle persiste : « Je serai candidate ici et nulle part ailleurs », répondant ainsi à Martine Aubry qui lui proposait Amiens, la ville de son enfance.

 

Cependant, au lendemain de sa nomination au gouvernement, et après que Jean-Marc Ayrault a averti que les ministres battus ne pourront pas rester en poste, elle préfère renoncer à sa candidature dans cette circonscription où Nicolas Sarkozy était arrivé en tête lors de l’élection présidentielle. Elle écrit sur son blog : « Pour mieux assumer cet engagement sans délai et cette implication sans partage, je fais toute confiance à Anne Brugnera, et à son suppléant, Walter Graci, pour mener, au nom de la majorité présidentielle, la bataille des législatives dans la 4e circonscription du Rhône ». Décision qui n’a pas manqué de susciter la polémique. Alors que Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, parle de « manque de courage » et de « grave renoncement », Jean-Marc Ayrault prend sa défense : « Personne n'est obligé d'être candidat, tout le monde n'est pas candidat ». Il ajoute que le gouvernement a besoin d’un porte-parole en permanence.

Anne-Laure Chanteloup

 

Pour en savoir plus :

Le blog de Najat Vallaud-Belkacem

 

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