Engagé très jeune dans la vie politique, c’est en 1984 que Pierre Moscovici rejoint le parti socialiste, après avoir quitté la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d’Alain Krivine. Proche de Lionel Jospin et de Dominique Strauss-Kahn, Membre du courant social-démocrate, il occupe différents postes, notamment ceux de député européen, de ministre délégué aux Affaires européennes, de député du Doubs ou encore d’enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris.
Pierre Moscovici est né à paris le 16 septembre 1957. Son père, Serge Moscovici, psychologue social, milita très jeune pour le parti communiste avant de fuir la Roumanie pour la France, où il participa à la fondation des Verts. Il lui transmit sa grande admiration pour Léon Blum. Quant à sa mère, Marie Bromberg-Moscovici, elle est psychanalyste et, proche du parti communiste français (PCF), elle signa le manifeste des 121.
Après une maîtrise de sciences économiques et une maîtrise de science politique, Pierre Moscovici obtient un DEA (diplôme d’études approfondies) de philosophie ainsi qu’un DEA de macro-économie. Il sort diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris en 1980, puis en 1984, de l’ENA (promotion Louise Michel) où il eut pour professeur Dominique Strauss-Kahn, qui le conduit rue de Solférino et devient son mentor.
Il est alors affecté à la Cour des comptes (dans le cadre de laquelle il est aujourd’hui conseiller maître). C’est également en 1984 qu’il quitte la LCR et rejoint le groupe des experts du PS, constitué par Claude Allège, dont il devient le secrétaire en 1986, lorsqu’il adhère au parti. Concernant ses premiers engagements politiques trotskistes, il déclare, en 2006 dans Le Nouvel économiste : « Le parti socialiste me paraissait opportuniste ».
En 1988, il entre au service de Lionel Jospin au sein du ministère de l’Éducation nationale, tout d’abord en tant que conseiller technique, puis en tant que chargé de mission.
En 1990, il intègre à la fois le Commissariat général du Plan, pour devenir chef de service de la modernisation du service public et du financement (jusqu’en 1994), et la direction du PS, en tant que secrétaire national aux études (jusqu’en 1992) puis en tant que trésorier (entre 1992 et 1994). C’est avec l’appui de Lionel Jospin qu’il devient alors le plus jeune secrétaire national du PS.
En 1991, il publie, avec François Hollande, un réquisitoire contre la politique économique de Pierre Bérégovoy intitulé L’heure des choix.
Il obtient son premier mandat de député européen en 1994 (jusqu’en 1997). Année au cours de laquelle il devient aussi membre du conseil général du Doubs (jusqu’en 2001).
À partir de 1995, il siège au conseil municipal de Montbéliard (jusqu’en 2008). La même année, Lionel Jospin le nomme à nouveau secrétaire national du PS chargé des études et du projet (jusqu’en 1997). 1995 sonne également la fin du mandat de François Mitterrand, qui fera l’objet d’un bilan critique de la part de Pierre Moscovici.
En 1997, il démissionne de son poste de député européen afin de se consacrer à celui de député du Doubs à l’Assemblée nationale, fonction qu’il n’exercera finalement pas, suite à sa nomination comme membre du gouvernement Jospin la même année. Il accède alors au poste de ministre délégué chargé des Affaires européennes (jusqu’en 2002) dans le gouvernement de Lionel Jospin, un homme qui compte dans sa carrière politique, même si des divergences vont apparaître. Dans son portrait brossé par Le Nouvel économiste en 2006, il déclare : « Je ne serai jamais fâché avec lui. Il m’a beaucoup appris du point de vue du style et du combat politique, bien que, sur le plan intellectuel et sur celui des idées, j’ai souvent été infiniment plus proche de Dominique Strauss-Kahn. » Dans le cadre de ses fonctions ministérielles, il est notamment en charge de la préparation de la présidence française de l’Union européenne, qui doit gérer la négociation du traité de Nice.
Entre 1998 et 2004 il est également conseiller technique, puis conseiller régional de Franche-Comté.
2001 et 2002 sont les années de toutes les défaites pour Pierre Moscovici. Tout d’abord aux élections municipales de Montbéliard en 2001, puis en 2002, aux élections législatives et présidentielles. En effet, véritable camouflet pour la gauche, lors des élections présidentielles de 2002, où il est en charge du programme, son champion, Lionel Jospin, est battu dès le premier tour par Jean-Marie Le Pen. Il commentera : « J'étais bouleversé, mais pas totalement surpris. Depuis les municipales de 2001, je sentais que l'électorat populaire avait décroché. Nous étions déconnectés des problèmes du peuple. » De ces échecs, il tire des leçons pour se relever : « J'ai compris que j'avais un travail à faire sur moi-même, que je paraissais trop distant. »
En 2002, Pierre Moscovici, secrétaire national chargé de l’Europe au sein du PS (2002-2003), représente le gouvernement français à la convention sur l’avenir de l’Europe, qui aboutira au projet de constitution européenne repris par le Traité de Rome de 2004 (il est ensuite remplacé par le nouveau ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin).
En 2003, année où il devient secrétaire national aux relations internationales au PS, il participe à la création, par Dominique Strauss-Kahn et Michel Rocard, du think tank social-démocrate « À gauche, en Europe », qu’il présidera jusqu’en 2006. Ce club de réflexion (qui fera les frais des « affaires DSK » de 2011) doit participer à la « refondation intellectuelle » du socialisme français « avec un souci de cohérence européenne ».
En 2004, il retrouve son mandat de député européen (circonscription Grand Est) et devient vice-président du Parlement européen (jusqu’en 2007) où il fait partie du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D). Il est également membre titulaire de la commission des Affaires étrangères, membre suppléant de la commission des Affaires constitutionnelles, membre titulaire de la délégation interparlementaire Etats-Unis et membre du bureau du Parlement européen, au sein duquel il est responsable du comité des organismes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC). Dans le cadre de ce COSAC, il est co-président du groupe de travail sur le statut des députés.
En 2004, il est, en outre, nommé vice-président du Cercle de l’industrie, association de lobbying au niveau européen pour les grandes entreprises françaises, créé en 1993 à l’initiative de Dominique Strauss-Kahn et de Raymond H. Lévy. (Le Siècle est un autre club dont il est membre.)
Européen convaincu, de 2005 à 2006, il préside le Mouvement Européen – France (Le ME-F), association qui promeut « la construction européenne dans un perspective fédérale ».
C’est également en 2005, qu’il s’inscrit au barreau de Paris mais s’en fait omettre en 2007. Pour lui, la carrière d’avocat viendra après la carrière politique. Il déclare « Dans ma tête, je me suis fixé une limite à la durée de ma vie politique. Quand j'arrêterai, je reprendrai le métier d'avocat. »
En juin 2007, il abandonne à nouveau son mandat de député européen pour celui de député de la 4ème circonscription du Doubs, où il devient conseiller municipal de Valentigney en mars 2008. À l’Assemblée nationale, il est membre de la commission des Finances, du groupe d’études sur la sidérurgie et la fonderie et du groupe de réflexion sur l’automobile, dont il est vice-président. De plus, il est membre de la section française de l’Assemblée parlementaire de la francophonie. Au cours de ce mandat, il préside la commission d’enquête parlementaire sur les conditions de libération des infirmières et du médecin bulgares détenus en Libye et sur les récents accords franco-libyens, dans le cadre de laquelle la question de l’audition de Cécilia Sarkozy donne lieu à une polémique. En avril 2008, il est ensuite élu président de la communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard (CAPM).
Lorsque Dominique Strauss-Kahn quitte la France pour prendre la tête du FMI en 2007, Pierre Moscovici et Jean-Christophe Cambadélis, notamment, deviennent les principaux animateurs du courant social-démocrate et rivaux dans la quête du leadership. Pierre Moscovici dit vouloir s’émanciper : « J'ai été lieutenant de Lionel Jospin à trente ans, de Dominique Strauss-Kahn à quarante-cinq. Aujourd'hui, ils ne sont plus actifs au Parti socialiste. J'ai cinquante ans, c'est le moment d'être libre et de faire ma vie. » Les stratégies des deux hommes divergent. Alors que Pierre Moscovici souhaite une « vraie rénovation », affiche ses ambitions pour le poste de premier secrétaire du PS, rejette le « Ségolène bashing » et dit ne pas éprouver d’antipathie envers la démarche de l’ancienne candidate à la présidentielle, Jean-Christophe Cambadélis mise sur le rapprochement avec les autres courants (avec Arnaud Montebourg et Laurent Fabius) dans une stratégie d’évitement du duel Ségolène Royal - Bertrand Delanoë, dans la course à la direction du parti. Pierre Moscovici dira « nous sommes d’accord sur nos désaccords ». Ce rassemblement hétéroclite aura lieu sous le nom des « Reconstructeurs ».
Dans « l’appel du 18 mai », les amis de Dominique Strauss-Kahn estiment que ce dernier reste « un espoir pour la France » et, refusant « l’affrontement » entre Bertrand Delanoë et Ségolène Royal et la « présidentialisation du parti », ils appellent Arnaud Montebourg et Martine Aubry à s’associer à une contribution sous la houlette de Pierre Moscovici, qui est candidat au poste de premier secrétaire mais pas à la présidentielle. Cela aboutit, en juin, à la contribution collective « Besoin de gauche » présentée par les courants « Socialisme et démocratie » et « Rénover maintenant » d’Arnaud Montebourg et dont le premier signataire est Pierre Moscovici.
Pourtant, après cet apaisement dans le clan strauss-kahnien, l’année 2008, et en particulier l’université d’été du PS de la Rochelle, marque « un éloignement personnel et politique » entre Pierre Moscovici et celui qu’il avait soutenu lors des primaires socialistes de 2006 face à Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn. En cause, la défection, quelques mois avant le congrès de Reims, alors qu’il brigue le poste de premier secrétaire du parti socialiste, de son ami et mentor et des autres soutiens strauss-kahniens attendus, au rang desquels Jean-Christophe Cambadélis, qui s’allient à Laurent Fabius en faveur de Martine Aubry. Il se tourne alors vers les « barons locaux » du courant « la Ligne claire » (Gérard Colomb, Jean-Noël Guérini et Manuel Valls). Mais ceux-ci finissant par opter pour la motion de Martine Aubry, il décide de rejoindre Bertrand Delanoë. Lorsque celui-ci n’est plus en lice, il ne donne pas de nouvelle consigne de vote. En janvier 2012, il revient sur cet épisode et ses relations avec DSK dans l’émission « Déshabillons-les » sur la chaîne Public Sénat.
En 2009, il est élu président du syndicat mixte de l’aire urbaine Belfort – Montbéliard – Héricourt - Delle (SMAU) (jusqu’en 2011) et devient ensuite président de l’Agence de développement et d’urbanisme du pays de Montbéliard.
Dans la perspective des élections présidentielles, il lance en 2009, sites internet et réseaux sociaux afin de promouvoir son courant « Besoin de gauche », rassemblant une partie de l’ancien courant strauss-kahnien et ayant pour objectif le « renouveau des idées et des actions de la gauche ». Cette stratégie internet s’accompagne du lancement d’une pétition pour la tenue de primaires ouvertes afin de désigner le candidat de la gauche. Dans son livre Mission impossible ? Comment la gauche peut battre Nicolas Sarkozy en 2012, il donne des éléments de programme. De plus, dans une tribune publiée dans Marianne, il appelle à une « rénovation intellectuelle et démocratique » du parti socialiste.
Il revient alors à la direction du PS qui lui confie la charge de la convention nationale sur le nouveau modèle de développement en vue de 2012. Il soutient tout d’abord la candidature de Dominique Strauss-Kahn. Puis, lorsque celui-ci est disqualifié, suite à son inculpation pour agression sexuelle en 2011, il ne cache pas ses ambitions et déclare qu’il fait « à l’évidence » partie de ceux qui « pourraient être candidats à ces primaires », avant de décider de soutenir François Hollande, dont il devient le coordinateur de campagne pour les primaires, puis le directeur de campagne fin 2011.
Bibliographie :
L’heure des choix, pour une économie politique (avec François Hollande), Odile Jacob, 1991
À la recherche de la gauche perdue, Calmann-Lévy, 1994
Quelle économie pour l’emploi, (avec Lydia Brovelli, Alain Lipietz et Claude Quin) l’Atelier, 1995
Urgence, plaidoyer pour une autre politique, Plon, 1997
Au cœur de l’Europe, entretiens avec Henri de Bresson, Le Pré aux clercs, 1999
L’Europe, une puissance dans la mondialisation, Seuil, 2001
Un an après, Grasset, 2003
Les 10 questions qui fâchent les européens, Perrin, 2004
L’Europe est morte, vive l’Europe ! Perrin, 2006
La France dans un monde dangereux : de l’exception à l’influence, Plon, 2006
Le liquidateur, Hachette, 2008
Mission impossible ? Comment la Gauche peut battre Sarkozy en 2012, Le Cherche midi, 2009
Défaite interdite, Flammarion, 2011
Pour en savoir plus :