Portrait de tête de liste : Qui est Marine Le Pen?

mercredi 14 mai 2014
AP

De son vrai nom Marion Anne Perrine Le Pen, Marine Le Pen est née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine. Elle est la benjamine des trois filles de Jean-Marie Le Pen, fondateur et ancien président historique du Front National, et de sa première épouse Pierrette Lalanne. Son enfance a été marquée par le divorce de ses parents, mais aussi par l’attentat à la bombe contre le domicile familial parisien en novembre 1976. « Je me rends compte que je suis la fille d’un homme qu’on cherche à tuer. J'arrive dans la vie politique par la face la plus difficile, la plus violente, la plus abrupte », raconte Marine Le Pen en 2006 sur un plateau de télévision.

Après des études primaires et secondaires dans le public, elle se tourne vers des études de droit pénal à Paris II-Assas. Elle obtient une maîtrise en droit en 1990, puis un DEA de droit pénal l’année suivante. Un an après, Marine Le Pen obtient le certificat d’aptitude à la profession d’avocat et elle intègre le barreau de Paris. Elle plaide devant la 23ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris où elle défend des immigrés en situation irrégulière, puis rejoint le service juridique du FN en 1998 qu’elle dirigera jusqu’en 2003.

Ses premiers pas en politique, elle les fait en 1986 en adhérant au Front National. Et sa première candidature à une élection suivra quelques années plus tard, lorsqu’elle se présente aux législatives de 1993 dans la 16ème circonscription de Paris. Sans succès puisqu’elle ne recueillera que 11% des voix. Elle aura son premier mandat politique, cinq ans plus tard, en 1998 en devenant conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais. Peu à peu, Marine Le Pen commence à s’imposer au sein du FN. En 2000, elle dirige l’association « Générations Le Pen ». Ambition affichée : « dédiaboliser » l’image du parti pour le rendre plus crédible. Une ligne directrice qu’elle a gardée depuis. Insécurité, immigration, sortie de l’euro… : si elle adhère aux idées de son père, elle tente toutefois d’être moins sulfureuse et plus modérée que Jean-Marie Le Pen. Régulièrement, Marine Le Pen fustige aussi le système « UMPS » et adopte une ligne « ni droite ni gauche ». Mais si elle veut incarner le nouveau visage du FN, elle a aussi pour objectif de le porter au pouvoir.

C’est réellement en 2002 lorsque son père accède au second tour de l’élection présidentielle que Marine Le Pen se révèle aux yeux du grand public et prend une dimension médiatique nationale. Elle est alors appelée à remplacer au pied levé un cadre du FN sur les plateaux de télévision au soir du second tour de la présidentielle. En juin de la même année, elle se présente aux élections législatives dans la 13ème circonscription du Pas-de-Calais. Elle recueille 24% des suffrages au 1er tour et 32% au second.

Et l’ascension de Marine Le Pen ne s’arrête pas là. Ce qui fait grincer des dents au sein du FN. À ceux-là, Jean-Marie Le Pen leur répond en nommant sa fille vice-présidente du parti, lors du Congrès du FN à Nice en avril 2003. En 2004, Marine Le Pen repart à Paris se faire élire conseillère régionale et députée européenne dans la circonscription d’Île-de-France, un mandat qui sera renouvelé en 2009, mais cette fois dans la région Nord-Ouest. En 2005, Marine Le Pen fait campagne pour le « non » au référendum sur le Traité constitutionnel européen. Parallèlement, elle continue de prendre de l’influence au sein du FN. En 2007, au Congrès de Bordeaux, elle se place en seconde position du comité central, tout juste derrière Bruno Gollnisch. Et la même année, elle recherche un ancrage local et jette son dévolu sur Hénin-Beaumont, une petite ville ouvrière de 26 000 habitants. Aux législatives de 2007, elle se présente dans la 14ème circonscription du Pas-de-Calais. Aux accusations de parachutage, elle répond que « cette circonscription est symbolique : chômage, délocalisation, insécurité, elle regroupe les problèmes majeurs de la France ». Elle est la seule candidate FN à se qualifier pour le second tour, puis sera finalement battue par le candidat socialiste. Le 23 mars 2008, elle parvient à son but et est élue conseillère municipale d’Hénin-Beaumont, mandat qu’elle abandonne en 2011 en raison de la loi sur le non-cumul des mandats.

L’année 2011 sera celle de la consécration pour Marine Le Pen. Elle succède à son père à la tête du FN le 16 janvier. Une élection interne qu’elle remporte sans surprise face à Bruno Gollnisch, avec plus de 67% des voix des militants. Et qui la propulse candidate à l’élection présidentielle pour 2012. Dès le printemps 2011, les sondages lui sont plutôt favorables, entre 14% et 17% des intentions de vote. Marine Le Pen veut y croire et rééditer l’exploit de son père du 21 avril 2002. Et effacer ainsi l’échec de l’élection présidentielle de 2007, lorsque Jean-Marie Le Pen n’a recueilli que 10,44% des votes. Pari gagné, puisqu’au soir du premier tour, elle recueille 17,90% des suffrages, le meilleur score jamais enregistré par le FN. Et se place ainsi en « troisième homme », devant François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon. Aux élections municipales de 2014, avec une dizaine de mairies et plus de 1 500 conseillers municipaux, Marine Le Pen remporte un nouveau pari, en confirmant l’ancrage du FN dans l’Hexagone.

En juillet 2013, sur demande de la justice française, le Parlement européen a levé l’immunité parlementaire de Marine Le Pen, qui avait comparé en 2010 les prières de rue des musulmans à l’occupation nazie. En 2012, elle mène une croisade anti-halal et affirme que « l'ensemble de la viande qui est distribuée en Île-de-France, à l'insu du consommateur, est exclusivement de la viande halal ».

Aujourd’hui, elle défend son siège au scrutin des Européennes dans la circonscription Nord-Ouest. Même si elle est pourtant peu assidue au Parlement. Selon le site VoteWatch, le taux de présence de l’eurodéputée française en séance plénière n’est que de 61,58%, un taux qui fait d’elle la 747ème députée la plus présente sur 754. L’objectif du FN est « d’arriver en tête au niveau national ». Marine Le Pen vise entre 15 et 20 eurodéputés FN. D’ailleurs, plusieurs sondages placent le FN au coude à coude avec l’UMP et devant le PS. Avec un objectif : « bloquer l’avancée de l’Union européenne ».

Côté vie privée, Marine Le Pen a divorcé deux fois, est aujourd’hui la compagne de Louis Aliot, vice-président du FN et a trois enfants.

Caroline Moisson

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