De l'art délicat de choisir le prénom de son enfant. « Nutella » et « Fraise », des prénoms originaux certes mais qui ne plaisent pas à la justice. L'histoire se passe dans le Nord. Le 24 septembre, à Valenciennes, un couple décide de baptiser son nouveau-né « Nutella ». Le 17 octobre, à Raismes, c'est une petite « Fraise » qui voit le jour. Mais aux yeux du tribunal, ces deux prénoms ne passent pas. Au motif qu’ils sont « contraires aux intérêts de l'enfant », comme le rapporte le journal La Voix du Nord.

Dans le cas de « Nutella », ce prénom « correspond au nom commercial d'une pâte à tartiner. Et il est contraire à l'intérêt de l'enfant d'être affublé d'un tél prénom qui ne peut qu'entraîner des moqueries ou des réflexions désobligeantes », selon la notification du jugement. Alors la petite « Nutella » a été rebaptisée « Ella ».

Dans le second cas, les parents de la petite « Fraise » voulait donner à leur fille « un prénom original non usité ». C'est ce qu’ils ont expliqué lors de l'audience. Mais pour le juge, ce prénom « sera nécessairement à l'origine de moqueries notamment l'utilisation de l'expression ramène ta fraise, ce qui ne peut qu'avoir des répercussions néfastes sur l'enfant ». « Fraise » devient donc « Fraisine », un prénom que les parents avaient sélectionné au cas où leur premier choix serait invalidé.

En France, les parents sont libres de choisir le prénom de leur enfant. Il n'existe pas de listes de prénoms, il est possible de choisir des prénoms étrangers, des diminutifs... Mais dans une certaine limite. Car il n'en reste pas moins que la justice a son mot à dire si elle estime que le prénom nuit à l'intérêt de l'enfant. L'officier d'état civil prévient alors le procureur de la République, qui peut ensuite saisir le juge aux affaires familiales afin de faire supprimer le prénom des registres de l'état civil.

Caroline Moisson

Pour en savoir plus :

« Nutella », « Fraise »: le tribunal de Valenciennes refuse les prénoms de deux bébés (par Catherine Bouteille, La Voix du Nord)