C’est l’histoire d’un vice-président à la Cour d’Appel de Paris qui rêve d’Afrique... Jusque là, rien de bien fallacieux sous le soleil. Sauf que ce haut magistrat, Alain Guillou, a demandé à la chancellerie sa mise en disponibilité pour un poste de conseiller auprès de la présidence de la République du Gabon. Une bien curieuse idée, alors qu’Ali Bongo et sa famille sont sur la sellette dans l’affaire judiciaire sur les « biens mal acquis » qui concerne le patrimoine considérable accumulé en France par des chefs d’Etat africains. M. Guillou malgré sa longue expérience des choses judiciaire ne semble pas interpelé par les quelques questions de déontologie que soulèvent sa requête.
Mais celles-ci n’ont pas échappé au Conseil supérieur de la magistrature qui, selon une révélation du Canard Enchainé le 18 juillet dernier, a émis un avis négatif à sa demande. Elle peut en effet, être refusée en cas d’inadéquation avec la déontologie ou si elle présente un risque de conflit d’intérêt. Et là, M. Guillou semble bien rafler la mise.
S’il fut un brillant inconnu, Alain Guillou ne l’est plus depuis l’Angolagate, sombre affaire de vente d’armes mettant en scène Charles Pasqua. Guillou avait alors remplacé au pied levé, le juge Christian Pers jugé trop intransigeant. Et c’est l’Elysée qui s’y était frotté car cette affaire envenimait les relations de la France avec l’Angola. En nommant Alain Guillou à la place du juge Pers, les six ans d’emprisonnement pour Pierre Falcone, proche conseiller des dirigeants angolais, et pour l’homme d’affaire Arcadi Gaydamak ont été réduit à trente mois. Et Charles Pasqua a été relaxé. La disponibilité du magistrat est désormais entre les mains de la ministre de la justice, Christiane Taubira.
Véronique Pierron