Amérique latine, ce « continent de l’émergence » sur lequel mise la France

vendredi 1 mars 2013

Après le déplacement en janvier du Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors du sommet de Santiago du Chili, c’était au tour du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, de se rendre en Amérique latine du 21 au 25 février. Ces tournées ont pour but de relancer les relations entre la France et ce continent émergent qui constitue « un enjeux majeur de notre politique étrangère », « une priorité » selon le ministre, qui regrette le sentiment « trop longtemps donné » par la France de « délaisser » l’ensemble du continent au profit des seuls grands pays de la région. Il souligne que « l’avenir du monde se construira en grande partie en Amérique latine » et que « la France veut être là où se construit l’avenir ».

Les principaux objectifs affichés par le Quai d’Orsay sont l’intensification des échanges économiques, la « montée en puissance de la coopération institutionnelle, scientifique et universitaire » ainsi que le dialogue sur les thèmes multilatéraux, tels que les menaces transversales, les questions climatiques ou le développement durable. Selon le ministre, qui insiste sur la nécessité d’abandonner un rapport « nord-sud » « dépassé » au profit de l’établissement de « relations d’égal à égal », l’Amérique latine « sera l’équivalent économique de l’Europe dans vingt ans ». Le Pérou, au « potentiel majeur de croissance », le Panama, à « la croissance annuelle supérieure à 10% » et la Colombie, « deuxième puissance économique de la zone » étaient donc au programme de cette visite.

France –Pérou : renforcement et élargissement des champs de coopération

Au Pérou, le ministre a rencontré le président Ollanta Humala, des membres du gouvernement et des acteurs économiques et culturels péruviens afin d’approfondir et d’élargir la coopération entre les deux pays - tant en matière de défense et de sécurité, que dans les domaines universitaire, culturel, institutionnel, judiciaire ou économique – avec la signature de différents accords. Laurent Fabius, qui a reçu une décoration péruvienne, a regretté que la France ne soit « que le 22ème partenaire du Pérou » mais a rappelé que de nombreuses entreprises françaises suivent les grands projets du pays, en particulier dans les domaines des transports urbains, de l’énergie, de la santé, de l’assainissement ou de la gestion de l’eau. Le ministre a également annoncé l’installation de l’Agence française de développement (AFD), avec laquelle un protocole d’accord a été signé sur les transports urbains, ainsi que l’élargissement de son implication dans « de nouveaux pays latino-américains ».

Panama : un dialogue politique régulier instauré

Laurent Fabius s’est ensuite rendu au Panama, « l’un des endroits du monde où se construit l’avenir », afin de rencontrer officiels et membres de la communauté des affaires. Il a notamment visité le chantier du métro de Panama, construit avec la participation d’entreprises françaises. Cette visite a été marquée par la promotion de la coopération universitaire en matière de formation professionnelle et la signature d’un accord sur un mécanisme de consultation politique bilatérale permettant d’instaurer « un dialogue politique régulier ». La coopération avec ce « partenaire économique majeur en Amérique centrale » - avec des investissements français s’élevant à 850 millions de dollars qui « doivent encore être améliorés » - concerne également le domaine de la sécurité. Ainsi la France participera cette année à l’exercice Panamax, un exercice multinational entraînant les forces à mener des opérations conjointes pour la sécurité du canal de Panama.

La France affirme, « sans ingérence », son soutien au processus de paix entre la Colombie et les Farc

Le périple latino-américain du ministre s’est achevé en Colombie, pays dont il a soutenu la candidature à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Laurent Fabius s’est rendu à Carthagène - où se déroulait le festival international du cinéma - et à Bogota, où il a insisté sur les convergences de vues entre les deux États ainsi que sur « l’histoire commune » et la « parole commune avec l’Amérique latine.

Dans son discours sur les relations entre la France et l’Amérique latine, prononcé à l’université de l’Externado, il a rappelé les liens historiques qui unissent la France et l’Amérique latine et « le rôle majeur joué par les idées et les principes venus de France dans la lutte de toute une série de pays et notamment de la Colombie pour son indépendance ». Louant la « croissance et le développement spectaculaire » de la région « à rendre l’Europe jalouse » et sa « voix forte » sur la scène internationale, saluant les réalisations de la Colombie, son engagement dans les réformes et le respect des droits de l’Homme, il a plaidé pour une relation « continentale et partenariale » « sur le long terme » sur le plan politique, économique, culturel et éducatif.

Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que, depuis 2010, la France est le premier investisseur en flux dans la région et qu’une centaine d’entreprises françaises sont présentes en Colombie, mais il a relevé que les échanges commerciaux « restent trop faibles » et souhaite les renforcer ainsi que l’investissement latino-américain en Europe et en France. Il a également affirmé l’intention de la France de promouvoir la croissance verte et solidaire, en particulier avec l’extension du champ d’intervention de l’AFD dans la région. Laurent Fabius a en outre, « sans ingérence », exprimé le soutien de la France et a salué les négociations de paix engagées entre le gouvernement et les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie).

Anne-Laure Chanteloup

 

 

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