Conflit israélo-palestinien : l’Élysée brouille ses positions

samedi 2 août 2014
AP

« Tout doit être fait pour mettre un terme immédiat à la souffrance des populations civiles à Gaza ». Le 21 juillet, François Hollande a exprimé son soutien aux populations civiles de la bande de Gaza frappées par un conflit israélo-palestinien faisant chaque jour plus de victimes. Pourtant, dans un communiqué daté du 9 juillet soit le lendemain du début de l'offensive israélienne, le chef de l’État avait exprimé son soutien au gouvernement Netanyahu. Il y exprimait la « solidarité de la France » avec Israël face aux tirs de roquette en provenance de Gaza et que selon lui « il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population face aux menaces ». Selon Le Monde, le texte est le fruit de démarches insistantes du cabinet de Benyamin Netanyahu, irrité par des propos de Stéphane Le Foll.

Cinq jours plus tard, lors de son discours du 14 juillet, le président français s’était déclaré « ni pro-israélien » « ni pro-palestinien », se voulant neutre face aux tirs de roquettes gazaouis et raids aériens de l’État Hébreu. Désormais, François Hollande met un point d’honneur à soutenir les populations à mesure que les victimes civiles palestiniennes s’accumulent.

Pour certains analystes et journalistes, ce réajustement - parfois perçu comme une « maladresse » - aurait par ailleurs contribué à brouiller le message politique à destination des Français et encouragé l’organisation des diverses manifestations pro-palestiniennes en France. Manifestations parfois interdites et violentes à l’instar de celle du 20 juillet à Sarcelles, en banlieue parisienne.

« Il a été maladroit »

Si à l’Élysée, tout retournement est réfuté, dans les rangs politiques, on fustige les paroles du président, et ce, aussi bien à droite qu’à gauche. Côté UMP, le député Henri Guaino a critiqué sur BFMTV-RMC la ligne diplomatique fluctuante de François Hollande : « Il a été maladroit. Dans ce domaine comme dans tous les autres, on a du mal à percevoir une ligne claire. »

Sur RTL, le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a exprimé son opinion sur le sujet : « Le gouvernement a fait tant de maladresses que je me dis que c'est un calcul », l'accusant de « préparer une absurde montée en puissance du lepénisme ».

Pour le FN, « la France n’a pas à prendre position dans un conflit étranger », a indiqué Florian Philippot, vice-président du parti.

Les élus PS y vont également de leur critique. Ainsi, le député Pouria Amirshahi a regretté que « par son communiqué officiel (le premier daté du 9 juillet, ndlr), le président de la République […] conforte [Israël] dans sa logique de vengeance et donc d’escalade ». Il dénonce l'attitude du « gouvernement ultraconservateur et belliqueux » de Netanyahu, le premier ministre israélien. Dans une lettre publiée par Le Point, des militants et élus locaux socialistes critiquent également le soutien apporté à Netanyahu, parlant d’une position « en contradiction totale avec la ligne diplomatique française depuis quarante ans ».

« On a semblé donner carte blanche à l'oppresseur », a déclaré Alexis Bachelay, député socialiste des Hauts-de-Seine au Figaro. Un discours qu’il a ensuite tempéré soulignant que Hollande a ensuite corrigé « sa première analyse, qui n’était pas la bonne et a pris la mesure des déclarations hâtives ». Lors d’une réunion présidentielle tenue le 21 juillet, François Hollande a affirmé qu’il n’y avait aucun changement dans la position de la France qui souhaite depuis longtemps la reconnaissance de deux États indépendants.

Plus de 1 500 Palestiniens et une soixantaine de soldats israéliens ont trouvé la mort depuis le début du conflit entre le Hamas et l'armée israélienne le 8 juillet.

Gaëlle Michineau

Pour en savoir plus :

Israël-Palestine : la communication fluctuante de François Hollande en cinq actes (France TV Info)

Entretien avec le Premier ministre israélien (communiqué Élysée)

L'embarras international face à l'escalade à Gaza (par Benjamin Barthe, Le Monde)

Le coup de gueule de Jean-Luc Mélenchon (par Philippe Corbé, Charlotte Arrigoni et la rédaction, RTL)

Guerre Israël-Gaza : "Hollande a été maladroit" selon Guaino (Le JDD)

Gaza : des députés PS demandent à Hollande de suivre Chirac et d'écouter Fabius (par Tristan Quinault Maupoil, Le Figaro)

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