Le Sénégal et l’Afrique dans toute sa continentalité avaient subi plusieurs vexations répétées de la part de la France lors des précédentes législatures. La plus récente à s’être écrasée sur le continent « berceau de l’humanité » a été ressentie comme une gifle qui s’est cristallisée dans le discours de Nicolas Sarkozy en 2007 à l'université Cheick-Anta-Diop. C’est là, devant un auditoire d’abord surpris puis en colère, que l’ancien chef de l’Etat avait déclaré sous la plume un tantinet post-colonisatrice d’Henri Guaino que « L’Homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire » et que là résidait le « drame de l’Afrique ». « Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance », avait-il poursuivi. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès ».
En voyage d’Etat à Dakar pour le sommet de la francophonie, François Hollande a répondu à ces assertions de son prédécesseur sans jamais prononcer son nom mais à un moment stratégique où ce dernier attendait d’être élu à la tête de l’UMP, première étape d’une nouvelle course à l’Elysée.
L’Afrique, le grand continent de l’avenir
A sa sortie du cimetière où le poète président Léopold Sédar Senghor est enterré depuis 2001, le président français a estimé que ce dernier avait « montré qu’il avait le sens de l’histoire ». « Je n'oublie pas que l'Afrique, c'est le berceau de l'humanité. C'est l'Afrique qui a fait notre propre histoire, l'histoire de l'humanité », a-t-il souligné. Il a ensuite insisté sur les promesses du continent africain dans l’avenir : « c'est l'Afrique qui montre qu'elle va être le grand continent de l'avenir. Parce que c'est ici en Afrique que vont se produire les plus grandes évolutions » avant d’énumérer les promesses du continent : « Démographique, qu'il va falloir maîtriser. Economique, parce que c'est un continent plein de richesses et donc de potentialités de croissance. Et un enjeu pour l'expression du français. L'Afrique est non seulement dans l'histoire mais l'Afrique est, si je puis dire, aussi une partie de notre avenir ».
Vexation adoucie….
La seconde vexation que le président français s’est attaché à réparer est l’absence du président d’alors Jacques Chirac et de son premier ministre Lionel Jospin en 2001 pour les obsèques de Léopold Sédar Senghor. « En 2001, quand le président Senghor est décédé, la France avait bien sûr rendu hommage à celui qui avait servi la République, servi son propre pays, le Sénégal, et servi la langue française », a-t-il temporisé avant d’ajouter « Mais il n'y avait pas eu, c'est vrai, la présence du président, du Premier ministre, et je crois que ça avait été mal compris par les Sénégalais ». Avant de conclure : « Il était très important que plusieurs années après je vienne, au nom de l'ensemble de mes prédécesseurs et au nom du peuple français, pour dire ce que nous avons comme reconnaissance et comme gratitude à l'égard du président Senghor ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Le discours de Nicolas Sarkozy en 2007 à l'université Cheick-Anta-Diop (Le Monde)
Léopold Sédar Senghor (Académie française)
Les obsèques de Léopold Sédar Senghor (Jeune afrique)