Les français auront le dernier mot. C’est ce que François Hollande a déclaré lundi au sujet de l’adhésion de la Turquie à l’Europe lors de sa conférence de presse conjointe à Ankara avec le président turc Abdullah Gül alors qu’il est en visite officielle en Turquie, la première d’un chef d’état français depuis 1992 et le déplacement de François Mitterrand.
«Inutile d'ajouter quelque peur que ce soit, le peuple français sera de toute façon consulté," a annoncé le président français qui entend donc demander aux français leur avis sur la question. François Hollande enfonce une porte ouverte puisque le référendum reste la règle prévue par la Constitution pour ratifier un traité d’adhésion.
Pour autant, l’heure du référendum n’a pas sonné. Les français ne devraient pas être consultés avant 2020. Depuis 1999 quand la Turquie s’est officiellement portée candidate, les négociations ont pris du retard, notamment à cause du veto français sous la présidence Sarkozy, ce dernier s’étant fermement opposé à l’intégration de la Turquie dans l’Union Européenne.
Reprises en novembre dernier, les négociations portent toujours sur des points clés comme la politique régionale et la partition de Chypre, membre de l’Union Européenne, dont la moitié nord est occupée par des troupes turques depuis 1974. Autre point qui freine les pourparlers, la situation des droits de l’homme, la justice et la liberté d’expression en Turquie.
L’Union Européenne craint aussi un flux migratoire important en provenance d’Asie centrale s’il devait y avoir adhésion. Cela signifierait aussi qu’avec ses 74 millions d’habitants, elle aurait un pouvoir de décision très important au sein des instances européennes.
Si le voyage de François Hollande réchauffe les relations entre les deux pays, le président turc Abdullah Gül a fait savoir qu’il souhaitait que la France ne s’oppose pas à l’éventuel élargissement de l’Union Européenne à son pays.
«Depuis que M. Hollande a pris ses fonctions, la France a une approche très positive à l'égard du processus de négociation [...] Nous attendons de la France qu'elle n'apporte pas de blocage politique, » a t-il déclaré.
Or, les français, tout comme les allemands et les belges, sont loin de partager l’enthousiasme de l’arrivée d’un nouveau membre. 83% y sont hostiles et seulement 17% y sont favorables. L’avenir de la Turquie se joue entre les mains des citoyens français. C’est eux qu’il faudra convaincre.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Turquie : Hollande voué à un numéro d'équilibriste UE-Arménie (France 24)
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