« Faire des économies oui, affaiblir l'économie, non ! ». C’est la réponse ferme que François Hollande a lancé aux pays qui demandent des coupes drastiques dans le budget de l’Union Européenne. A deux jours d’un sommet européen consacré à l’élaboration de son budget qui s’annonce difficile, le président français a ainsi répondu au premier ministre britannique David Cameron dont l’attitude laisse les eurodéputés perplexes. Le chef de l’Etat s’est ainsi porté en faux sur un concept européen réclamé par M. Cameron d’une Europe réduite à sa plus simple expression de marché économique ou encore d’une Europe à la carte.
François Hollande a décliné quatre principes budgétaires qui préservent une véritable construction européenne en réclamant en premier « un niveau de dépenses qui préserve les politiques communes », puis une « politique de cohésion pas seulement pour les pays bénéficiaires mais pour l'ensemble de l'Europe », tout en privilégiant une « politique agricole qui permette de renforcer une industrie précieuse » et de « respecter l'environnement ». Il a enfin insisté sur la mise en place d’un « cadre financier qui doit prolonger le pacte de croissance ».
L’Europe ne doit plus douter d’elle même
Maintenant Cameron sur le grill, M. Hollande a aussi estimé que « l'intérêt national est en train de prendre le pas sur l'intérêt européen » avant de mettre en garde : « S'il est vrai que la crise de la zone euro est désormais largement derrière nous, nous sommes loin d'en avoir tiré toutes les conséquences. Ce qui nous menace, n'est plus la défiance des marchés, mais c'est celle des peuples ». Puis prenant définitivement le contrepied des détracteurs de l’Union Européenne, le président met en garde : « Depuis trop longtemps l'Europe doute d'elle même, doute sur ces choix, met trop de temps à prendre des décisions majeures (...) et elle met trop peu de temps à réfléchir à ses orientations et à son architecture d'ensemble ». Se faisant alors l’avocat du projet européen, il a jugé que le « moment est venu de lancer le grand chantier de l'approfondissement économique et monétaire ». « La France y est prête », a-t-il assuré en plaidant pour « l'intégration » et la « solidarité ».
Un euro trop fort
François Hollande a ensuite fait partager ses inquiétudes sur la monnaie européenne en invitant les eurodéputés à une réflexion sur « la place de notre monnaie, l'euro, dans le monde » car « elle ne peut fluctuer selon les humeurs des marchés. Une zone monétaire doit avoir une politique de change sinon elle se voit imposer une parité qui ne correspond pas à l'état réel de son économie ». Puis se défendant d’une quelconque intrusion dans les compétences et prérogatives de la BCE, le chef de l’Etat a insisté sur le fait qu’ « Il ne s'agit pas d'assigner de l'extérieur un objectif à la BCE qui est indépendante, mais d'engager l'indispensable réforme du système monétaire international, car sinon nous demandons à des pays de faire des efforts de compétitivité qui sont annihilés par la valorisation de l'euro ». Pierre Moscovici avait en effet estimé dimanche 3 janvier que l’euro, aujourd’hui au dessus des 1,35 $, était « fort, peut être trop fort ». Une monnaie trop forte pèse en effet sur les exportations et ne favorise pas la croissance.
Véronique Pierron