Dimanche, c’était au tour de François Hollande de donner sa conférence de presse comme tous les chefs d’Etats présents au G20 de Brisbane. Pour bilan de ce G20, le chef de l’Etat Français s’est montré très satisfait de l’objectif affiché par les pays les plus riches du monde de prendre des mesures qui permettront un surplus de croissance mondiale de 2,1% tout en précisant que plus de croissance ne rime pas avec abandon du contrôle des déficits publics car « il faut trouver le bon équilibre », a précisé le président de la République. Il a aussi insisté pour que « des réformes soient menées » en Europe en précisant toutefois que la France est en observation à Bruxelles pour son déficit public.
François, Vladimir et les Mistral…
François Hollande était attendu sur l’Ukraine et la remise en question de la livraison des Mistral à la Russie. Une attente d’autant plus forte que l’entretien entre Vladimir Poutine et François Hollande a été l’échange le plus long en marge du G20. Une occasion pour le chef de l’Etat d’expliquer la position souvent taxée de complaisance à l’égard de la Russie de Poutine. François Hollande a alors exprimé de la « fermeté quand il y a manquement » au « respect des accords de Minsk », c'est-à-dire le cessez-le-feu, la reprise du dialogue, le contrôle des frontières et le règlement de la question du gaz dont la Russie s’était servie en guise de représailles en coupant l’accès au gaz à l’Ukraine. Le président de la République a déploré les incidences de la crise russo-ukrainienne sur la relation franco-russe et a estimé qu’elle ne « doit pas subir les effets de la crise en Ukraine », les deux Etats devant privilégier « le dialogue » pour sortir de la crise. Et note que les sanctions ont à la fois des effets sur l’économie russe mais aussi sur celle de la zone euro en soulignant les problèmes que rencontrent l’agriculture française ou l’actuelle faiblesse de l’économie allemande. Mais interrogé sur la question litigieuse de la livraison des bâtiments de guerre de type « Mistral », il assure qu'il prendra sa décision « en dehors de toute pression ».
Juguler la finance
Puis passant à la régulation, François Hollande est revenu sur la mise en place de mesures annoncées lors du G20 de 2013, notamment celle selon laquelle ce sont désormais les actionnaires des banques et les banques elles-mêmes qui seront solidaires en cas de défaillance bancaire. Ce système met à l’abri les finances des particuliers car désormais aucune crise ne pourra « plus peser sur les contribuables » car les Etats ne financeront plus « les défaillances bancaires ». Régulation toujours, le président s’est attardé sur la fraude fiscale en déclarant : « Si l'on veut juguler la finance, il faut la surveiller, il faut aussi lutter contre les paradis fiscaux, contre l'optimisation fiscale ». Et assure l’instant d’après que « Le G20 a pris des décisions importantes ». Parmi elles « D'abord l'échange automatique d'informations. Les Etats doivent maintenant communiquer chaque fois qu'il y a un doute sur un établissement, une société ou un particulier », précise le président Hollande. Il s’est aussi montré satisfait de la volonté affichée des Etats de lutter contre l’optimisation fiscale via la décision de mettre en place « une sorte d’harmonisation » tout en préservant le droit de chaque Etat de définir sa propre fiscalité.
Conférence de Paris en 2015
Le réchauffement climatique s’est aussi invité au programme du G20 alors qu’il n’y était pas prévu mais l’accord entre la Chine et les Etats Unis sur le climat n’est sans doute pas étranger à cette immixtion dans les discussions officielles. Immixtion dont s’est d’ailleurs félicité le chef de l’Etat qui espère « un effet d’entrainement » d’autant plus qu’un consensus s’est dégagé pour que la conférence de Paris en 2015 soit le grand rendez-vous pour aboutir à un accord « contraignant sur le climat ». Pour lui, un accord à Paris permettrait d'éviter un réchauffement de trois à quatre degrés « qui serait source de catastrophe, pour ne pas dire de guerre. Une manière de prévenir les conflits et les catastrophes, c'est de prendre des décisions », souligne-t-il.
Polémiques… polémiques…
Bien entendu, le chef de l’Etat a eu droit à son lot de questions polémiques et d’actualité en France comme le mariage homosexuel et les déclarations récentes de Nicolas Sarkozy dont la volonté est d’abroger la loi Taubira et de créer deux mariages : un pour les homosexuels et l’autre pour les hétéros. Le président a simplement noté que « la loi est votée et qu’aujourd’hui, le débat est clos ». « Moi je pense que l'apaisement est la meilleure des méthode. Le consensus est toujours préférable à la division. Je vous dis ça parce que je suis président de la République. Donc ce principe ne vaut pas pour des candidats ou des responsables politiques », a-t-il précisé. Enfin l’affaire Jouyet a valu aux journalistes des réponses lapidaires sous forme de soutien de la part du président : « Jean-Pierre Jouyet est secrétaire général de l'Elysée et est un bon secrétaire général de l'Elysée ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Livraison des Mistral (La Tribune)
La question du gaz (Le Monde)
Faiblesse de l’économie allemande (Les Echos)
L’accord entre la Chine et les Etats Unis sur le climat (Le Figaro)
Abroger la loi Taubira (Le Monde)