Pour sa première visite en Afrique en tant que président – à Kinshasa pour le XIVe sommet de la Francophonie le 13 octobre après une étape sénégalaise le 12 - bien qu’il ait affirmé ne pas vouloir faire seulement un « contre-discours », François Hollande se devait de faire oublier le discours très controversé de son prédécesseur qui avait déclaré « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». Aussi a-t-il précisé, lors de son intervention au Parlement sénégalais, qu’il n’était pas venu « pour délivrer une leçon » et a encensé une « terre d’avenir pour l’économie mondiale » tout en rappelant qu’ « il n’y a pas de vrai développement économique ni de vrai progrès social sans démocratie ». Il a également insisté sur la fin de la Françafrique et la qualité de « partenaires et amis » des Africains, promettant la facilitation de l’obtention des visas pour les étudiants, les artistes et les créateurs.
Si ce discours a été salué dans la plupart des journaux africains, en ce qu’il « réhabilite le rôle historique des Africains », sur la fin de la Françafrique, maintes fois annoncée, notamment par Nicolas Sarkozy, certains sont dubitatifs, à l’instar du journal sénégalais « Le Quotidien » qui ironise : celui qu’il nomme « Hollande l’Africain » « devra commander des serrures très spéciales pour que les portes de l’Élysée et des ministères soient closes aux émissaires, aux intermédiaires et officines françafricains. » S’il considère que le président « a séduit », il redoute, tout comme le « Gabon Review », qu’il ne s’agisse que de « vœux pieux » et attend des actes.
Quant à son discours lors du sommet de la Francophonie, il a reçu un accueil favorable tant par des élus congolais, « heureux qu’il ait choisi la mesure dans ses propos », que par les délégations étrangères, telles que celle du Burundi, le qualifiant de « convaincant », et par la société civile, relève « La Croix ». Cependant son attitude distante vis-à-vis du président de la République démocratique du Congo Joseph Kabila pour illustrer ses propos sur les exigences démocratiques a été relayée par certains quotidiens comme « Le Potentiel » qui considère « l’ambiance glaciale » entre eux comme un « signe annonciateur de la fin de la Françafrique ».
Anne-Laure Chanteloup