En réaction aux évènements se déroulant en Ukraine, la France, comme les Etats-Unis et la Grande Bretagne, a décidé dimanche de suspendre sa participation aux réunions préparatoires du sommet du G8, prévu au mois de juin, à Sochi en Russie. Ces réunions doivent se dérouler cette semaine.

La France souhaite «que soit suspendue la préparation du G8 de Sotchi tant que nos partenaires russes ne sont pas revenus à des principes conformes à ceux du G7 et du G8, » a déclaré dimanche le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius sur Europe 1.

Cette décision fait suite à une « escalade militaire russe » condamnée par la France. En effet, des troupes russes ont pris position depuis plusieurs jours en Crimée, province ukrainienne autonome pro-russe, et stratégique pour Moscou qui y possède la base naval de Sébastopol.

Mais ce qui inquiète davantage la France, c’est que la Russie s’apprêterait à étendre son intervention militaire et à envoyer de nouvelles troupes en Ukraine. Le parlement russe a voté dimanche le déploiement de forces armées en Crimée « jusqu'à la normalisation de la situation socio-politique dans ce pays. » Vladimir Poutine assure malgré cela qu’aucune décision n’a été prise.

Historiquement, la Crimée était russe jusqu’en 1954 date à laquelle elle a été cédée à l’Ukraine par Nikita Khroutchev, alors premier secrétaire du parti communiste, qui souhaitait resserrer les liens entre la Russie et l’Ukraine. Mais la population criméenne n’a jamais vraiment accepté ce changement de patrie ni l’autorité centrale de Kiev, - quoiqu’elle dispose d’un statut autonome -, et reste largement pro-russe. La destitution du pouvoir de Viktor Ianoukovitch, proche de Poutine, le 22 février, et la formation d’un nouveau gouvernement ukrainien pro européen ont précipité l’implication de la Russie.

Si la France ne participera pas aux réunions de préparation du G8 jusqu’à ce que Moscou respecte à nouveau ses obligations de droit international, elle n’envisage pas pour l’instant de mettre un coup d’arrêt aux livraisons françaises de matériel militaire vers le Russie, qui a passé commande de deux bâtiments de projection et de commandement en 2011.

Laurent Fabius souhaite établir un dialogue pour «essayer d'avoir une désescalade et d'obtenir une médiation » avec le président russe Vladimir Poutine. Il souhaite que Moscou accepte la création d’un groupe de contact proposé par la chancelière allemande Angela Merkel. « Si c'est le cas, ce serait une avancée, » a déclaré lundi le chef de la diplomatie française au micro de RTL. « Il faut préserver l'intégrité et l’unité de l'Ukraine, c'est de l'intérêt de la Russie car elle [y] est très engagée économiquement. »

Fanny Dassié

Pour en savoir plus :

Le Grand Rendez-vous avec Laurent Fabius (Europe 1)

Laurent Fabius sur RFI (RFI)