La Russie met la pression à la France sur la livraison des Mistral

lundi 17 novembre 2014
Crédit: Wikimedia

A Brisbane, il a soufflé comme un air de guerre froide. Les pays les plus riches du monde se réunissent généralement pour parler de questions économiques. Mais ce sommet a tendu vers des discussions beaucoup plus axées sur le militaire et l’armement.

En effet, selon une source russe « haut placée » citée vendredi par l’agence Ria Novosti, la France a jusqu'à fin novembre pour livrer un premier navire de guerre Mistral à la Russie construit à Saint-Nazaire si elle ne veut pas s'exposer à de « sérieuses » demandes de compensation.

En juin 2011, Moscou commandait à la France pour 1,2 milliard d’euros de Mistral, ces bâtiments de projection et de commandement. L’accord prévoyait la livraison du premier navire de guerre pour octobre puis novembre 2014, et le second pour 2015. Mais la crise en Ukraine a entraîné la remise en question du bien fondé de ces dates de livraison. Le 4 septembre, François Hollande annonçait la suspension de la livraison des Mistral suite à l’aggravation de la situation à l’Est de l’Ukraine et l’attitude ambiguë de la Russie.

Les menaces de sanctions financières brandies par Moscou interviennent alors qu’aurait dû avoir lieu le même jour la cérémonie de remise des clés du premier Mistral, le Vladivostok, annulée depuis.

En France, la question divise. Au parti socialiste, on soutient François Hollande. Le premier ministre Manuel Valls a affirmé que la France prenait ses propres décisions « sans que quiconque ne lui dicte sa conduite de l’extérieur. » Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense a assuré qu’ « aucune date de livraison ne peut être fixée à ce stade » et qu’une « décision définitive interviendra le moment venu. »

Côté UMP, on s’interroge sur la crédibilité de la France sur le marché des contrats d’armement si elle refuse d’honorer ses commandes.

« La France a pris des engagements, elle a signé des contrats. Il est normal qu'elle livre. Si elle ne respecte pas sa parole sur ce marché, que vont en penser tous les autres? Que vaudra la parole de la France? » a demandé Henri Guaino, député des Yvelines.

Autre conséquence pour la France en cas de non livraison, les chantiers navals de Saint-Nazaire devront rembourser la somme déjà versée par Moscou, soit 800 millions d’euros et s’exposer à de lourdes pénalités financières pouvant atteindre les 250 millions d’euros. Une fortune qui accentuerait encore un peu plus le déficit de l’Etat.

Mais si livraison il y a, la France se trouvera dans une posture inconfortable par rapport à ses partenaires européens qui ont clairement indiqué, pour la plupart, que la France devait faire une croix sur cette vente. Pas question pour eux de livrer des armes à un pays qui annexe de force des territoires souverains.

C’est un véritable casse pour le Président français qui, à force de jouer la montre, devra inévitablement prendre une décision. Les rencontres prévues au G20 avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ou encore le président russe Vladimir Poutine lui permettront peut être de trouver un début de réponse à cet imbroglio diplomatique.

Fanny Dassié

Pour en savoir plus :

Quatre questions sur la suspension de la livraison des navires Mistral à la Russie (France TV Info)

La Russie assure que la France a deux semaines pour lui livrer le Mistral (Nouvel Obs)

Arrivée de François Hollande à Brisbane sur fond de tensions avec Moscou (Nouvel Obs)

 

 

 

 

 

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