Apparu sous la plume du géographe Onésime Reclus en 1880 pour désigner les zones géographiques où le français est parlé, le terme francophonie prend toute son ampleur dans la revue « Esprit » de novembre 1962 et l’article de Léopold Sédar Senghor, ancien président du Sénégal, qui la définit comme la conscience d’une communauté d’intérêt celle d’une langue et d’une culture francophone. Il s’agit pour lui d’« un humanisme intégral qui se tisse autour de la terre », de la « fille de la liberté et sœur de l’indépendance ». Il est l’un des pères fondateurs de la francophonie aux côtés de Habib Bourguiba, Hamani Diori et Norodom Sihanouk, l’ancien roi du Cambodge qui s’est éteint ce lundi 15 octobre. Le français ainsi perçu comme vecteur de coopération, de développement et de dialogue interculturel, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) voit le jour en 1970 pour « donner corps à une solidarité active » entre ses 57 États membres et 20 observateurs « ayant le français en partage ». Coopération francophone qui s’élargit au fil des années (culture, éducation, paix, démocratie et droits de l’Homme, développement durable, économie et technologies numériques) et qui fait l’objet d’un rapport à chaque sommet.
La diffusion du français « grande priorité de la diplomatie française »
Le français, avec quelques 220 millions de locuteurs sur les cinq continents, fait partie des langues de travail de nombreuses institutions internationales, dont l’ONU, au sein de laquelle, défendue par l’AFFOI, elle se porte pourtant mal selon Christian Rioux avec la préférence donnée aux anglophones dans son recrutement. Sa diffusion reste donc une « grande priorité de la diplomatie française ». Cette promotion passe par l’enseignement - au sein des 461 établissements scolaires français à l’étranger, des centres et Instituts français ou encore des Alliances françaises – les médias tels que TV5Monde et par une politique de coopération. Ainsi La ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, a reçu, ce mercredi 17 octobre, le lieutenant-gouverneur de Louisiane, Jay Dardenne, afin de signer des accords de coopération éducative, linguistique et culturelle. Quant à la politique via l’OIF, le XIVe sommet de la Francophonie qui s’est tenu les 13 et 14 octobre à Kinshasa a notamment abouti, outre les résolutions en matière de paix et sécurité, de développement, de coopération et d’économie, à l’adoption d’une « politique intégrée de promotion de la langue française ». Selon les projections des démographes, en 2050, on pourrait dénombrer 715 millions de francophones, dont 85% en Afrique.
Anne-Laure Chanteloup