Pour son premier voyage officiel en Asie, le président de la République a choisi l’Inde. Les 14 et 15 février, François Hollande s’est rendu à New Delhi et à Bombay, accompagné de six ministres (Affaires étrangères, Défense, Commerce extérieur, Enseignement supérieur et Recherche, Culture et Transports) du nouveau représentant spécial pour les relations économiques avec l’Inde, Paul Hermelin, président de Cap Gemini et d’une délégation d’une cinquantaine de chefs d’entreprise. Des entretiens avec le président de la République de l’Inde Pranab Mukherjee, le Premier ministre Manmohan Singh, et des représentants du Parti du Congrès et du BJP (Bharatiya Janata Party), des rencontres avec les chefs d’entreprise indiens et la communauté française, une cérémonie de signature d’accords de coopération ou encore des cérémonies au palais présidentiel et au mémorial du Mahatma Gandhi étaient notamment au menu de cette visite d’État.
L’Inde : un partenaire stratégique aux valeurs communes
Le président de la République a rappelé le partenariat stratégique qui unit les deux pays depuis 1998 - partenariat qu’il souhaite élargir - et a insisté sur les points de convergence entre les deux pays, que sont les valeurs et principes de la démocratie ainsi que l’attachement à l’indépendance et à la liberté. Il a également exprimé la confiance de la France envers « une Nation de paix », faisant référence aux questions de défense et en particulier à la négociation d’un contrat de vente de 126 avions Rafale. Il a ajouté qu’il avait « bon espoir » de voir celui-ci se conclure. Outre la défense, le renforcement de la coopération entre les deux pays concerne l’énergie, en particulier le nucléaire civil, le spatial, l’éducation et l’enseignement supérieur, la culture, mais aussi l’économie. C’est pourquoi François Hollande a assisté au forum économique « France-Inde » à New Delhi et à Bombay.
Un accès facilité aux marchés pour la France et « la terre de tous les possibles »
Dans la lignée de la diplomatie économique prônée par le gouvernement, François Hollande était accompagné d’une délégation d’industriels et s’est exprimé devant des chefs d’entreprises indiens, les invitant à investir en France - en s’engageant à faciliter leur accès au marché français - à développer les échanges commerciaux avec la France (aujourd’hui près de 8 milliards s’euros), qui se montre favorable à des transferts de technologie et à coopérer avec les entreprises françaises qui leur permettraient d’accéder à d’autres marchés européens et africains. Le Président de la République, rappelant l’implantation de 750 entreprises françaises et le classement de la France au neuvième rang de l’investissement en Inde, souhaite que les entreprises françaises, petites et grandes, puissent accéder au marché indien et davantage participer au « dynamisme économique » de « la terre de tous les possibles », notamment dans le domaine des hautes technologies et de « la ville durable », l’Inde étant confrontée à un véritable défi d’urbanisation – un protocole d’accord de coopération a d’ailleurs été conclu le 14 février entre la SNCF et Indian Railways.
« Quand l’Europe ralentit, [l’Inde] freine »
Louant l’Inde pour « la rapidité du développement », « l’ascension sociale » et la création culturelle, en particulier cinématographique, à l’honneur au festival de Cannes cette année, François Hollande a également rendu hommage - peut-être pour faire oublier les propos virulents de son ministre Arnaud Montebourg envers Lakshmi Mittal réitérés sur Europe 1 le jour même de son arrivée en Inde - aux familles Tata et Ambani (Reliance Industries) qui « créent de l’activité partout dans le monde et notamment en Europe ». Europe avec laquelle l’Inde doit être « partenaire pour la croissance », selon le président français, favorable à l’accord de libre-échange entre l’Europe et l’Inde actuellement en négociation. Soulignant leurs intérêts communs : « Quand l’Europe ralentit vous freinez » et rassurant, « la crise de la zone euro est terminée », il martèle : Pour « tirer la croissance » « nous avons besoin des grandes économies émergentes comme l’inde ».
Une visite d’État placée sous le signe de l’économie donc, pour François Hollande qui a profité de l’occasion pour remettre les insignes de Commandeur de la Légion d’Honneur au prix Nobel d’économie Amartya Sen. Elle a abouti à divers accords de coopération dans le domaine de l’éducation, de la recherche, du spatial, ou encore des transports. Les contacts ont été pris, mais conformément aux pratiques indiennes, les contrats commerciaux attendront.
Anne-Laure Chanteloup