L’écart, indique le journal satirique, entre la voie et le quai est trop étroit et précise que la SNCF va devoir « raboter les quais ». Pour rectifier cette légère erreur d’une vingtaine de centimètres, 50 millions d’euros vont être déboursés, ajoute le journal satirique.
En 2009, l’entreprise publique ferroviaire a lancé avec plusieurs régions françaises un vaste plan de renouvellement de ses trains TER. Deux mille rames ont été commandées à l’entreprise française Alstom et au Canadien Bombardier pour un montant de 15 millions d’euros. Trois ans plus tard, c’est la consternation. Pendant la phase de test, la SNCF découvre que ces nouvelles rames sont trop larges et qu’elles peinent à passer dans plusieurs gares. Pour pouvoir les faire circuler la SNCF est contrainte de modifier (notamment en les rabotant) plusieurs centaines de quais pour un cout total estimé à 50 millions d’euros.
Les nouvelles rames TER sont plus larges de 20 centimètres, un nouveau standard international, qui permet un meilleur confort des passagers. Selon le Canard enchaîné, Alstom et Bombardier auraient respecté le cahier des charges établi par l’entreprise publique et le Réseau ferré de France (RFF), propriétaire et le gestionnaire du rail français. Toujours selon le journal satirique, l’écart entre les voitures et les quais est d’environ « une dizaine de centimètres de part et d'autre » ce qui permettait d’envisager de nouvelles rames plus larges de 20 centimètres. Toutefois, ces normes retenues ont une trentaine d’années tandis que « nombre de gares ont été construites il y a plus de cinquante ans avant l’adoption de ces normes, c'est-à-dire à une époque où les trains étaient nettement moins bedonnants », précise le Canard enchaîné. Quelque 1.300 quais sont concernés et vont devoir être rabotés. A ce jour, « Réseau ferré de France en a raboté trois cents », poursuit l’hebdomadaire.
RFF et la SNCF se défendent
Dans un communiqué publié conjointement, mercredi 21 mars, la RFF et la SCNF indiquent des « travaux de modernisation » de 1.300 quais vont été réalisés « afin d’accompagner l’évolution technologique du matériel roulant ». Et d’ajouter que « ces trains sont aux normes internationales » et qu’il s’agit désormais de « mettre les quais aux mêmes normes internationales ».
« Ces travaux d’adaptation de 1.300 quais font partie d’un plan d’actions défini en 2012, qui représente 50 millions d’euros, ce qui représente 1% des 4 milliards d’euro annuels d’investissements consacrés à la maintenance, modernisation et développement du réseau », poursuit le communique de presse. L’objectif des régions étant « d’améliorer la qualité de service pour les voyageurs, il est important que l’infrastructure s’adapte à cet enjeu ».
Le gouvernement s’agace
Les réactions gouvernementales n’ont pas tardé à se manifester tout au long de la journée de mercredi 21 mai après les révélations de l’hebdomadaire. Le premier à s’exprimer à ce sujet a été le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier qui a qualifié la situation de « rocambolesque » et de « comiquement dramatique », tandis que Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie l’a jugée « consternante ». De son côté, la rapporteuse générale du budget à l’Assemblée nationale, Valérie Rabault a appelé le Président de la SNCF, Guillaume Pepy, à « démissionner » ajoutant sur son compte twitter que « 50 millions d’euros, c’est beaucoup d’argent. On est la risée de la presse internationale ».
Un projet de réforme ferroviaire doit être examiné à l’Assemblée nationale le 16 juin prochain et prévoit le regroupement entre l’actuel Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF en un grand groupe public.
Vanessa Gondouin-Haustein