Des pertes records pour le spécialiste du nucléaire français. Les résultats d'Areva dévoilés mercredi 4 mars sont « catastrophiques » et atteignent 4,834 milliards d'euros pour l'année 2014 (NDLR : 500 millions d'euros en 2013). Le sauvetage de l'entreprise publique est aujourd'hui en jeu. Areva a annoncé son intention de mettre en œuvre un plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici à 2017 et des cessions d'actifs supérieures à 450 millions d'euros. L'objectif est de redonner de l'élan à l'entreprise, qui peine surtout à s'adapter à l'ère post-Fukushima, marquée par le non-redémarrage des réacteurs japonais et un arrêt massif des centrales nucléaires allemandes. Le groupe est également handicapé par une exploitation de plus en plus coûteuse de l'uranium et des dépenses abyssales dans le marché des énergies renouvelables qu'il a tenté de développer ces dernières années. « L'ampleur de la perte nette de l'exercice 2014 illustre le double défi auquel Areva est confronté : stagnation durable des activités nucléaires, manque de compétitivité et difficile gestion des risques inhérents aux grands projets. Le groupe a pris la mesure de la gravité de la situation », précisé le directeur général, Philippe Knoche, dans un communiqué.
« Rapprochement capitalistique »
L'entreprise traverse la crise la plus profonde depuis sa création en 2001. L'Etat qui contrôle près de 87% du capital de l'entreprise avait chargé en novembre dernier le président du conseil d'administration, Philippe Varin, et le directeur général, Philippe Knoche, de dresser un audit détaillé de la situation financière et opérationnelle d'Areva et de proposer un plan de redressement. Dans un entretien accordé au journal Le Figaro, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, explique que sur le « plan financier, les comptes font apparaître des pertes très importantes », notamment « liées à des éléments non récurrents ». Selon lui, « Areva paie aussi le prix d'années de manque de transparence et de mauvaises relations avec EDF » (NDLR, notamment en raison de la mésentente récurrente entre Anne Lauvergeon d'Areva et Henri Proglio d'EDF). A cet égard, le ministre a précisé que la volonté du gouvernement « c'est très clairement qu'il y ait une réorganisation profonde, une refonte, du partenariat historique » entre EDF et Areva qui pourrait aller « jusqu'à un rapprochement, y compris capitalistique ». Il faut « une convergence nouvelle dans la stratégie des deux entreprises », a ajouté M. Macron qui estime que « la responsabilité de l'Etat est de soutenir, de promouvoir et de mettre plus de cohérence dans la filière nucléaire ». Détaillant les trois axes du redressement d'Areva, le ministre de l'Economie a expliqué que ce dernier passe par « un plan d'économies, une relance de sa politique à l'export et une refonte de la filière nucléaire française », notamment en menant « une politique beaucoup plus volontariste à l'export ». Le premier objectif « c'est bien sûr le marché chinois, dont la France est le partenaire depuis trente ans ».
Vanessa Gondouin-Haustein
Pour en savoir plus:
Communiqué d'Areva (site officiel)
Macron: "Il faut une convergence entre Areva et EDF" (Le Figaro)
Comment l'Etat compte sauver Areva (Le Figaro)