Le ministre des Finances, Michel Sapin, a eu la lourde tâche de dévoiler mercredi les prévisions révisées de croissance, d’inflation et de déficit budgétaire pour 2014 et 2015. Et les chiffres ne sont pas bons. La France se dirige vers une nouvelle hausse de son déficit public. « C’est un discours de vérité que je veux adresser aujourd’hui. Un discours de vérité sur la situation nouvelle que nous affrontons, » a déclaré Michel Sapin.
La vérité c’est que le déficit, au lieu de baisser cette année comme l’avait prévu le gouvernement, augmente. Il passe de 4,2% du PIB en 2013 à 4,4% en 2014. Et l’amélioration ne sera pas non plus pour 2015. Il va falloir attendre fin 2017 pour que la France passe sous la limite des 3%, fixée à l’origine par l’Union Européenne à 2015.
« Nous ne demandons pas [la] suspension [des règles européennes], nous ne demandons aucune exception, ni pour la France ni pour tout autre pays, nous demandons la prise en compte collective d'une réalité économique qui nous concerne tous : une croissance trop faible, une inflation trop basse, » a ajouté le ministre des Finances.
Selon le ministère du Budget, la hausse du déficit s’explique notamment par les dépenses en lien avec le programme d'investissements d'avenir, tandis que les recettes baissent en raison notamment de l'entrée en vigueur du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), un avantage fiscal pour les entreprises employant des salariés.
Michel Sapin a voulu rassurer les Français en expliquant qu’il n’y aurait pas de nouvelles augmentations d’impôts. De même, la politique du gouvernement pour la compétitivité des entreprises reste inchangée, la baisse du coût du travail sera bien mise en place selon le calendrier initialement prévu.
Après l'annonce de ce nouveau dérapage budgétaire, la Commission européenne n’a pas tardé à réagir, réclamant à Paris de présenter des « mesures crédibles » pour réduire ses dépenses en 2015. « La Commission évaluera à l'automne si de telles mesures ont été prises en 2014, en se focalisant plus particulièrement sur les ajustements structurels requis », a annoncé le porte-parole de la Commission Simon O’Connor.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Le gouvernement confronté à un grave dérapage du déficit public (Le Monde)
Déficit : La France épinglée par la Commission européenne (Boursorama)