« La France est la première nation d'Europe, même en comptant le Royaume-Uni, en terme de création de start-up », a affirmé Emmanuel Macron. Le ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique recevait jeudi dernier le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, chargé par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker du plan de relance des start-up européennes et de son enveloppe d'un montant de 315 milliards d'euros. En tournée dans les capitales européennes, Jyrki Katainen s'est arrêté à Paris et s'est rendu, en présence d'Emmanuel Macron, dans l'une des pépinières des start-up de la scène parisienne, l'incubateur Numa. Au cours de cette visite, Emmanuel Macron a mis l'accent sur les faiblesses du marché français qui demeure « petit », avec de nombreuses « barrières administratives et fiscales ». « Nous n'avons pas de marché domestique énorme comme celui des Chinois ou des Américains », a ajouté le Ministre. C'est pourquoi, selon lui, il est nécessaire de concerter les efforts en vue « d'un marché unique du digital », où une « stratégie numérique européenne » serait définie et des « règles » édifiées.
Capital-risque
Le plan d'investissement de 315 milliards d'euros, lancé à l'automne 2014, par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker vise à doper la croissance de la zone euro en relançant les investissements, notamment dans les infrastructures. L'objectif affiché de Bercy est qu'une partie de cette enveloppe soit consacrée aux PME innovantes. Le gouvernement français, par la voix de ses ministres de l'Economie et des Finances, cherche à convaincre la Commission européenne et son vice-président d'affecter quelque 5 milliards d'euros directement en capital, notamment en faveur du capital-risque afin d'aider le développement des start-up innovantes. Le ministre de l'Economie a d'ailleurs partagé son inquiétude avec le vice-président de la Commission. « Il est nécessaire de faire plus en capital-risque, vous le savez-bien, c'est une des faiblesses européennes », a plaidé Emmanuel Macron. L'idée, explique le cabinet du Ministre, est de « faire émerger une offre de financement européenne », de « transformer le secteur du capital-risque » qui a besoin d'un « vrai changement d'échelle ». Et de rappeler que « si La France est en pointe dans les premières étapes du financement des start-up » en revanche « 70% des levées de fonds supérieures à 10 millions d'euros dans des start-up font intervenir des fonds américains ». « Nous sommes capables de faire émerger des start-up mais pas de les transformer en leaders mondiaux », confie l'entourage du ministre de l'Economie au journal Le Monde. « Pour cela, nous avons besoin de fonds de capital-risque de très grande taille, de plus de 300 millions d'euros » afin « d'assurer une souveraineté européenne dans le financement des start-up ». Quelques heures plus tard, l'ex-Premier ministre finlandais, Jyrki Katainen a indiqué avoir entendu les PME françaises. « Les start-up nous ont dit qu'elles avaient avant tout besoin d'équity pour développer leur business. Le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) peut les aider », a-t-il réagi sur son compte twitter. Le Fonds, géré par la Banque européenne d'investissement (BEI), sera chargé de mettre en place le plan Juncker au cours de l'année à venir. Elle devrait en priorité prêter quelque 55 millions d'euros aux fonds privés de capital-risque.
Vanessa Gondouin-Haustein
Pour en savoir plus:
La France veut orienter le plan Juncker vers le financement des start-ups (Le Monde)
La France veut orienter le plan Juncker vers les start-ups (Usine nouvelle)
Document officiel (Ministère des finances)