Voilà un rapport de la cour des comptes qui engendre bien des satisfactions. A droite comme à gauche, tous y sont allés de leur hiatus. Pour Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l’Assemblée il constitue « un nouveau désaveu pour l’ancienne majorité de droite qui a laissé une situation économique et financière profondément dégradée ». Alors que d’une main leste, Jean François Copé twittait : « La cour des comptes vient de casser le mythe de l’ardoise cachée que la gauche utilisait pour justifier ses hausses d’impôts ».
Mais si la Cour des comptes n’a pas eu la surprise de découvrir un cadavre dans le placard du bilan de la droite, elle confirme que le budget 2012 devra être modifié, sous peine de voir le déficit public franchir les 4,4%. Elle accuse aussi l’ancien gouvernement d’avoir nettement surestimé le niveau des recettes attendues. Résultat : l’Etat va subir un manque à gagner de 6 à 10 milliards d’euros par rapport aux prévisions et devra… trouver autant d’argent pour atteindre cet objectif.
Sur leur lancée analytique, les magistrats estiment aussi « les hypothèses de calcul trop favorables » pour l’évaluation de certaines recettes. Ainsi, le produit de l’impôt sur les sociétés a été particulièrement surestimé. Et les efforts seront d’autant plus importants que les prévisions de croissance sont sans cesse revues à la baisse. « La prévision de 1,75% fixée en avril paraît aujourd’hui hors de portée », a affirmé Didier Migaud. Dans l’hypothèse d’une croissance de 1%, pour 2013, la Cour des comptes évalue à 33 milliards d’euros l’effort supplémentaire à accomplir. Autant dire que la majorité va devoir réinventer le mot « rigueur ».
Véronique Pierron