Si la pollution de l’air a déjà fait l’objet de nombreuses études sanitaires sur ses conséquences sur la santé notamment, elle n’a jamais été encore étudiée du point de vue de son impact financier. Le Sénat compte bien remédier à cette lacune. Jeudi s’est tenue la première réunion officielle de la commission l’enquête sur « le coût économique et financier de la pollution de l’air ». La sénatrice Europe Ecologie les Verts (EELV) de Paris Leila Aïchi, instigatrice de ce projet et rapporteur de la commission insiste sur « un vrai enjeu économique » d’une telle commission. « Il faut faire comprendre aux dirigeants que la pollution de l’air a un impact financier », explique-t-elle avant d’ajouter : « ça a un coût pour les entités économiques – les gens et les entreprises, dont elles n’ont pas conscience ». Elle souligne encore qu’en France, on dénombre près de « 650 000 journées d’arrêt de travail par an du fait de la pollution de l’air ».
Des terres agricoles aux façades noircies des immeubles
Et ce coût dépasse le volet sanitaire déjà important. La pollution a des impacts sur les terres agricoles, sur la qualité de l’eau mais concerne aussi bien le ravalement des façades des immeubles noircies par la pollution. De ce fait, les possibilités d’économies sont nombreuses mais « on n’en parle pas », s’agace la sénatrice de Paris avant d’insister encore : « On sait que c’est nocif alors pourquoi on ne bouge pas ? » alors que « c’est la première préoccupation des Français en matière de santé et d’environnement ». « La pollution de l’air n’a pas qu’un impact sur l’ensemble des grandes villes », a rappelé Leila Aïchi, même si l’agglomération parisienne avec quelques 12 millions d’habitants, est un cas « emblématique ». L’ensemble du territoire est concerné avec quelques perles comme Marseille et son étang de Berre, la région de Grenoble et Rhône Alpes.
Un rapport attendu à la mi-juillet
Les premières auditions devraient débuter après le 15 mars et seront « publiques et ouvertes à la presse » pour « faire œuvre de pédagogie », précise la sénatrice de Paris. Les personnes sollicitées se devront de répondre en toute transparence. Ainsi, chercheurs, chefs d’entreprises et industriels seront conviés à se joindre aux discussions pour qu’ils puissent « apporter des réponses », précise la sénatrice. L’objectif n’est « pas simplement de sanctionner », mais de contribuer aux « solutions » a-t-elle encore ajouté. La commission d’enquête a six mois pour rendre le rapport le plus exhaustif possible. Il devrait être publié à la mi-juillet. Une proposition de loi à l’issue de ce rapport n’est pas exclue. La sénatrice écologiste évoque, à ce titre, qu’« il est temps d’adapter la loi sur l’air », qui remonte à 1996, et depuis n’a fait l’objet que de modifications à la marge. Va-t-on en arriver à payer pour l’air que l’on respire comme dans les pires romans de science-fiction ?
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
L’agglomération parisienne (Air Parif)
La région de Grenoble et Rhône Alpes (Air Rhone-Alpes)
L’étang de Berre (Airfobep)