Christian Estrosi n’en finit pas d’être en campagne électorale en vue des municipales de 2014. Et dans un département où l’extrême droite a totalisé lors des présidentielles de 2012, 25 % des voix et de surcroît dans une ville – Nice – où le maire précédent, Jacques Peyrat, était ouvertement étiqueté FN avant d'adhérer au RPR pour se faire élire, M. Estrosi doit draguer sévèrement à l’extrême. Après ses propos douteux sur les gens du voyage et de son « guide pratique » publié cet été, pour aider les maires à expulser les campements "illégaux" (sic), Christian Estrosi récidive en plantant ouvertement son drapeau sur les terres effrayées et sécuritaires de l’extrême droite.
Cette fois, c’est Christiane Taubira, la ministre de la justice, qui est dans la ligne de mire du maire de Nice. Sur la sellette : la réforme pénale en cours et en particulier, le projet de « peines de probation » annoncé par la garde des Sceaux. Interrogé lundi par France 2, l’ancien ministre chargé de l’industrie a accusé Mme Taubira : elle « va vider les prisons et organiser la suppression du code pénal ». Il a ensuite évoqué les peines-plancher mises en place sous la présidence Sarkozy, et a assuré que « 71 % des Français sont pour qu’on les maintienne, elle veut les supprimer !», s’est-il exclamé.
Probation or not probation ?
Poursuivant sa croisade, il s’est focalisé sur la probation hors système carcéral en protestant : « quand on est condamné à des peines de prison ferme, c’est qu’on a commis quelque chose de grave ! Dire qu’on remet en liberté des criminels, des délinquants, des voyous qui ont commis quelque chose de grave, c’est le message qu’envoie aujourd’hui Mme Taubira ». Pour argumenter son effet, il est revenu sur le meurtre d’un retraité de Marignane en expliquant que celui qui l’avait « assassiné froidement » était « dix fois récidiviste » alors qu’il avait « 18 ans et quelques jours ». Puis, parachevant son effet, il a lancé son projet de plan de pétition sans toutefois, en préciser le contenu : «Je lancerai en tant que maire d’une grande ville de France, avec d’autres maires, dans les jours qui viennent, une pétition nationale pour mettre en échec Mme Taubira et faire en sorte qu’elle ne puisse pas nuire un peu plus à l’équilibre de notre démocratie avec cette réforme pénale». Qui parle d’équilibre de la démocratie ?
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Jacques Peyrat (Libération)
Les gens du voyage et Christian Estrosi (Le Monde)
La réforme pénale de Christiane Taubira (Le Monde)
Peines-plancher de la présidence Sarkozy (BFM TV)
Retraité de Marignane abattu par un récidiviste (France TV)