Ils étaient une centaine d’anciens salariés de l’abattoir de porcs Gad à s’être réuni pour la rencontre avec le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. La visite de ce dernier était attendue de longue date après des propos tenus le 1er septembre dernier à l’égard de ces mêmes salariés les qualifiant d’illettrés.
Alors qu’il entrait tout juste à Bercy, Emmanuel Macron étayait la réforme du permis de conduire en se basant sur la société Gad, alors en liquidation judiciaire.
«Il y a dans cette société [Gad], une majorité de femmes, il y en a qui sont pour beaucoup illettrées, pour beaucoup on leur explique: « vous n’avez plus d’avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km! » Ces gens-là n’ont pas le permis de conduire, on va leur dire quoi?», avait déclaré le ministre de l’Economie sur Europe 1.
Depuis, il s’était excusé de ses propos et les avait regrettés, précisant qu’il se déplacerait sur le terrain pour présenter ses excuses. C’est chose faite autour d’une galette des rois. « C'était un très beau moment, j'ai vu des très belles personnes [...] C'était très émouvant, ils sont très fiers de ce qu'ils sont et je suis très fier d'eux » , a déclaré Emmanuel Macron à l’issue de la rencontre restée privée. Visiblement il avait à cœur de reléguer ses propos dans le passé.
Beaucoup de salariés ont été satisfaits du discours tenu et ont applaudi le ministre, comme Olivier Le Bras, ancien délégué FO de l’abattoir: « Monsieur le ministre, on voulait vraiment vous remercier au nom des Gad pour ce que vous avez fait. Ça a été tout à votre honneur d'être venu aujourd'hui ici pour vous excuser. »
Pour d’autres salariés en revanche, les propos du ministre de l’Economie ne passent pas. Yvon Milin a ainsi offert au ministre un paquet de pâtes en forme d’alphabet pour témoigner de son mécontentement. « Ses excuses je ne les prends pas. [...] Déjà, c’est pas maintenant qu’il fallait venir, mais quand on était tous présents devant l’usine pour protester contre sa fermeture. »
L’abattoir de Lampaul-Guimiliau a été fermé fin 2013 licenciant ses 850 employés.
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Macron à la correction chez les ex-Gad (Libération)
Macron inquiète les illétrés de Gad (20 Minutes)
Les abattoirs Gad sauvent la moitié de leurs salariés (Le Figaro)