Et soudain, le régime de retraite des parlementaires… ressurgit

vendredi 21 juin 2013
Associated Press

Laurent Wauquiez est « opposé au régime spécial des parlementaires ». A la veille de la Conférence sociale, le vice-président de l’UMP et ancien ministre a déclaré au Nouvel Observateur qu’il était de la même façon opposé aux « régimes spéciaux d’EDF et de la SNCF ». « Si jamais je suis favorable à une égalité complète des Français dans les retraites que ce soit pour le public ou le privé, c'est évident que je l'applique d'abord au régime de retraite des parlementaires (...) C'est juste une question d'exemplarité », a ensuite déclaré le député de Haute-Loire dans les couloirs de l'Assemblée. Le débat n’est pas nouveau dans le très convoité hémicycle mais la polémique est ravivée en raison de l’atmosphère politique qui traine derrière la réforme des retraites. Et si Laurent Wauquiez a clairement choisi de se démarquer de son camp politique en plaidant la transparence financière de la vie politique, ce n’est pas le cas de la majorité des députés UMP dont le président du groupe UMP à l’Assemblée Christian Jacob qui s’est fendu d’une lettre aux députés UMP pour dénoncer ceux qui s’adonnent « au concours du plus vertueux ». Un Christian Jacob qui a estimé « qu’il ne faut pas changer » ce régime de retraite en insistant sur le fait que « parlementaire, ce n’est pas un métier ». Il va même plus loin en dramatisant : « Faisons attention à l’atteinte que l’on est en train de porter à la liberté d’exercice du mandat ».

Un climat de polémiques exacerbées virant parfois à un populisme qui exaspère le député PS du Nord, Bernard Roman, hostile lui aussi, une nouvelle réforme de la retraite des parlementaires : « On veut nous donner des leçons de quoi ? Il faut arrêter car cela donne un sacré coup de main au populisme et au candidat du FN au second tour de la législative partielle de dimanche prochain à Villeneuve-sur-Lot ».

Un régime déjà réformé en 2010

Pourtant, le bureau de l’Assemblée Nationale avait déjà procédé en 2010, à une réforme du régime des retraites des députés qui existe depuis… 1904. Celui-ci a enfin, été aligné sur le droit commun pour le relèvement progressif à 62 ans, le nombre d’annuités requises et le taux de cotisations. Le système de la double cotisation obligatoire a surtout été supprimée, une injustice teintée d’élitisme républicain qui comptait chaque année de député en double et rapportait à l’heureux élu, 1 500€ de pension pour 5 ans de mandat et 6 000€ pour 20 ans.  Bernard Accoyer, alors président de l’Assemblée avait déclaré que cette réforme devait aboutir à « une baisse de 30 % ».

Si l’n en croit les chiffres publiés sur le site de l’Assemblée Nationale, la pension moyenne d’un député est aujourd’hui de 2 700 € mais un député n’ayant accompli qu’un seul mandat est tout de même certain de percevoir une retraite minimale de 1 200€. Bien accroché à son privilège, Christian Jacob persiste en justifiant cette différence de traitement avec les autres régimes du fait qu’il n’existe pas « d’élus qui ont été députés pendant 40 ans » avant d’ajouter que « la durée moyenne d’un mandat parlementaire, c’est sept ans ».

Les sénateurs ont eux aussi réformé en 2010 pour rapprocher leur régime de retraite de celui des autres fonctionnaires. La vénérable assemblée a aussi supprimé la double cotisation pour la remplacer par un régime complémentaire à points et la pension de retraite moyenne d’un sénateur est de  4 382€ par mois.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

L’Assemblée Nationale (Site officiel)

La réforme du régime des retraites des députés de 2010 (page de l'Assemblée nationale)

Le sénat (Site officiel)

 

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