Encore une attaque contre Christiane Taubira. Le 8 mars dernier, journée internationale de la femme, Isabelle Guinot, première adjointe au maire UMP de Juvisy-sur-Orge, Robin Reda, a commenté ce lien contre la garde des Sceaux : « 13.000 vols, 2.000 agressions et 200 viols par jour et le vidage des prisons va commencer. ». L’élue a réussi à se passer de son discernement pour écrire : « C'est pitoyable d'avoir une telle ministre de la Justice. Elle vient de Cayenne, là où il y avait le bagne, qu'elle reparte là-bas vu qu'elle a toujours détesté la France ». Une attaque arrivant après d’autres qui se sont enfilées en chapelet ces dernières semaines. On se souvient du twitt d’olivier Burlats, élu du FN de Haute Savoie qui avait comparait la ministre a un singe. Il a été condamné à 3.000€ d’amende. Au rang des indignités, on a aussi Gérald Darmanin, député-maire UMP de Tourcoing (Nord) qui avait qualifié la ministre de « tract ambulant pour le FN ».
Un peu de dignité et de respect
Cette fois, le premier ministre et le président de la République ont décidé de réagir. C’est ainsi que Manuel Valls a déclaré à la presse mercredi : « Je veux dire, et nous l'avons partagée en Conseil des ministres, une nouvelle fois notre indignation, notre colère face aux propos racistes, antisémites, homophobes, sexistes qu'on voit se répandre avec une très grande facilité; notre indignation et notre colère à l'égard des propos vis-à-vis de Christiane Taubira ». Alors que le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll relayait les propos de François Hollande : « Le président de la République a souligné que les attaques qui étaient portées vis-à-vis de la garde des Sceaux étaient inqualifiables ». Via Stéphane Le Foll, le président a estimé qu’ « à un moment, il faut aussi rappeler que dans le débat politique on n'est pas obligé de tomber dans l'irrespect, l'indignité ».
Les propos insupportables du FN
Manuel Valls a profité de cet incident pour poursuivre son combat contre le FN. « Des dizaines et des dizaines de candidats du Front national tiennent des propos insupportables mais quand cela vient d'élus de mon département (l'Essonne, référence à Juvisy-sur-Orge, NDLR), nous attendons la condamnation la plus ferme de tous », a déclaré le premier ministre avant d’ajouter : « On ne peut pas s'en prendre ainsi à une ministre de la République, ou tout simplement à une personne, au nom de son origine. Ce n'est ni la France, ni la République, ni nos valeurs ».
Interrogée sur ces attaques mercredi matin sur RTL, la garde des sceaux a admis ne pas réagir « parce que c’est juste lamentable. Ça n'a pas d'importance. C'est surtout fréquent? L'important n'est pas ma personne (...). Quand je pleure, je pleure dans ma chambre ». Ce à quoi, l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles n’a pas trouvé mieux que de publier sur twitter une question destinée à ses followers : « Pourquoi Christiane Taubira « pleure dans sa chambre »? ». Où va la bêtise ?
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Le twitt d’olivier Burlats (Libération)
Gérald Darmanin (France TV Info)