Fantômes ou pas ? Telle est la question. Le Fn aurait 20 assistants parlementaires frauduleux au sein du Parlement européen. Les soupçons de fraude portent sur les salaires versés à ces assistants par le Parlement européen car leur nom figure aussi sur l’organigramme du parti d’extrême droite, ce qui laisse supposer qu’ils sont employés à d’autres tâches que le seul Parlement. Ce dernier a ouvert la procédure le 9 mars dernier en saisissant l'organisme antifraude de l'UE, l'Olaf, et transmis le dossier à la justice française, en l’occurrence le Parquet de Paris qui a ouvert, à son tour, une enquête. Une découverte de l’affaire qui balaie les cris d’orfraie de la patronne du parti d’extrême droite qui avait dénoncé début mars une « vaste manipulation politique », « sur instruction », selon elle, du Premier ministre, Manuel Valls. Le président du Parlement, l’allemand Martin Schulz avait rappelé pour l’occasion, que les assistants parlementaires « doivent nécessairement et directement travailler à l'exercice du mandat parlementaire des députés européens » avant d’ajouter qu’ « On ne peut pas être payé par le Parlement européen et travailler pour un parti ».
De forts soupçons
L’enquête ouverte par le Parquet de Paris a été confiée à l’office centre de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) de la Direction centrale de la police judiciaire. Ainsi, la justice française doit déterminer si ces assistants parlementaires exercent une activité réelle auprès des eurodéputés FN en s’appuyant sur l’enquête menée au préalable par le Parlement européen qui mettait en exergue que la description de la fonction contractuelle de ces assistants avec le député « diffère en tout point de la nature des fonctions détaillées » dans l’organigramme du FN ou sur son site. Parlement qui rajoutait : « toujours selon cet organigramme, certains assistants ne travaillent pas pour le député auquel ils sont liés par un contrat de travail ».
Un préjudice de 7,5 M€
Des soupçons pèsent sur quatre assistants « accrédités » et 16 assistants « locaux », sur un total de 63 assistants travaillant pour le FN. Le préjudice représenterait 7,5 millions d'euros pour l'ensemble de la législature, a estimé une source parlementaire. Deux types d’assistants parlementaires existent, en effet, les « accrédités » au sein des institutions européennes à Strasbourg et Bruxelles et les « locaux » chargés d’animer la permanence parlementaire de leur eurodéputé en France. Un éclaircissement qui permet au Parlement européen d’argumenter : « Parmi les assistants locaux concernés, dix ont conclu un contrat de travail qui indique comme adresse d'exécution l'adresse du siège du Front national à Nanterre ». Ce défaut d’ancrage local « aggrave les soupçons d’assistants fantômes » comme l’observait mars à francetv info le porte-parole du Parlement européen, Jaume Duch Guillot.
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Le Parlement européen (site officiel)
L’Olaf (site officiel)
Le Parquet de Paris (Vie publique)
Martin Schulz (site Parlement européen)
L’office centre de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Ministère de l'Intérieur)