Notre-Dame-des-Landes, nouveau foyer de tension au gouvernement entre Verts et PS

lundi 24 février 2014
AP

D’un coté le frange radicale des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes  armée de jets de pierres, de bouteilles et de fusées  et de l’autre, les forces de l’ordre qui essaient de rétablir le calme coûte que coûte à l’aide de grenades lacrymogènes assourdissantes et un canon à eau…   Le 22 février la manifestation contre le très controversé aéroport de Notre-Dame-des-Landes a dégénéré.  Cet épisode violent est-il la source d’un nouveau conflit politique et d’intérêt entre socialistes et écologistes ? Dans un premier temps, le premier ministre Jean Marc Ayrault a condamné les violences ayant rythmé la manifestation comme étant « inacceptables  dans un état de droit ». « Tous ceux qui exercent des responsabilités publiques doivent condamner les squatteurs de la Zad (zone d'aménagement différé dédiée à l'aéroport), organisateurs délibérés de ces violences », a poursuivi  le Premier ministre dimanche à Presse-Océan. Toutefois, il a aussi ajouté : « EELV doit sortir de l'ambiguïté ».

Duflot secourue par Montebourg…

Or, le même jour juste avant la manifestation, la ministre écologique du logement Cécile Duflot, se déclarait « de cœur » avec la mobilisation  en rappelant son opposition « ancienne » au projet d’aéroport.  Ces propos n’ayant suscité aucune réaction au sein du gouvernement, l’opposition s’en est mêlée pour s’en émouvoir… politiquement. Ce fut le cas du député UMP Benoist Apparu qui a déclaré sur RCJ : « Ce qui me choque, ce n’est pas qu’elle reste au gouvernement » mais qu' « un président de la République et un Premier ministre laissent faire ça ». Egale à elle-même et usant d’un sophisme redoutable, Marine le Pen à quant à elle déclaré sur France 3 : « Donc elle soutient aussi les casseurs si elle ne les condamne pas ». Mais Arnaud Montebourg qui comme chacun sait, n’est pas dans les meilleurs termes avec Mme Duflot est monté au créneau lors du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, pour se lancer dans une défense très personnelle de son adversaire dans le gouvernement : « Je ne pense pas qu'elle aurait dit la même chose si elle avait vu ce qui s'était passé, on peut lui prêter quand même cette intelligence-là, cette délicatesse-là quand même ».

Les écologistes condamnent mais ne renoncent pas

Pourtant coté écologistes, la secrétaire nationale  d’Europe Ecologie-les-Verts, Emmanuelle Cosse a pris officiellement ses distances par rapports à la minorité d’ « éléments perturbateurs » parmi les manifestants. « « EELV a toujours dénoncé les actes de violence » a-t-elle ajouté et a précisé qu’elle s’était entretenue avec le premier ministre pour « sortir de l’ambiguïté ».  « Je n'accepte ni les violences ni les propos qui laisseraient entendre de la part d'EELV une soi-disant compréhension de ces actes », a condamné la dirigeante écologiste. Mais la patronne des écolos a tout de même défendu la position des Verts contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes  en insistant sur le fait que lors des négociations en 2011, en vu d’un gouvernement commun, ce projet était l’un des deux sujets de désaccord « acté des deux cotés ».  A l’instar de Cécile Duflot, Emmanuelle Cosse a aussi rappelé dimanche dans le JDD, les fortes attentes de son parti dans le domaine de la transition énergétique et évoquait une « possible » rupture avec le gouvernement sur ce projet de loi qui doit être présenté en juin au Conseil des ministres. Le dossier Notre-Dame-des-Landes est-il la bombe qui fera exploser le gouvernement ?

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

La manifestation contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a dégénéré (Le Monde)

Le projet d’aéroport (site officiel)

La transition énergétique (Le Point)

 

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