Conséquence de la canicule de l’été 2003 qui avait causé la mort de 15.000 personnes fragiles, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin instaurait l’année suivante la journée de solidarité. Avec ce jour travaillé mais non payé et pour lequel les employeurs versent 0,3% de sa masse salariale, l’objectif était donc de financer la prise en charge des personnes âgées et handicapées.
À l’origine, la journée de solidarité était fixée au lundi de Pentecôte. Mais depuis 2008, les choses ont évolué. Le lundi de Pentecôte est ainsi redevenu férié, et les entreprises sont désormais libres d’en fixer les modalités. Soit conserver le lundi de Pentecôte, soit faire le choix d’un autre jour férié, soit travailler un peu plus par jour, soit supprimer un jour de RTT.
Selon la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA), la journée de solidarité a rapporté plus de 15 milliards d’euros en 8 ans. En 2011, 2,33 milliards d’euros ont été récoltés et redistribués à hauteur de 1,4 milliard d’euros pour les personnes âgées et 933 millions d’euros pour les personnes handicapées.
Insuffisant cependant pour financer la dépendance, au regard de l’augmentation du nombre de personnes âgées privées d’autonomie dans les années à venir. Et surtout si une partie des fonds récoltés ne sont pas « dépensés comme prévu », selon l'AD-PA, l’association des directeurs au service des personnes âgées. Ainsi, depuis 2005, ce serait près de 2,5 milliards d’euros qui auraient « été repris des budgets de la CNSA par l’État » pour notamment combler le trou de la Sécurité sociale.
S’il est nécessaire de financer la dépendance – tous s’accordent sur ce point –, il n’en reste pas moins que « la méthode est mauvaise », selon Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. « C’est du travail gratuit », a-t-il lâché sur France Info. Et d’ajouter : « On pourrait faire autrement », évoquant un financement « équilibré » qui pourrait passer par une hausse des cotisations sociales et l’impôt. Dans une interview accordée au Parisien, la piste de la hausse des impôts est aussi envisagée par Pascal Champvert, le président de l’AD-PA. Elle serait d’ailleurs « la seule solution » selon lui pour financer l’aide aux personnes dépendantes.
Le dossier épineux de la réforme du financement de la dépendance, laissé en suspens par Nicolas Sarkozy, est désormais entre les mains du gouvernement Ayrault. Si ni la méthode ni le calendrier n’ont été fixés pour le moment, il n’en reste pas moins que « la solidarité nationale sera mise à contribution », a indiqué Michèle Delaunay, ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de la Dépendance dans les colonnes du Parisien daté de lundi. Dès cet été, elle rencontrera le haut conseil de la CNSA « pour mettre en route un état des lieux, une sorte d’audit, pour que nous sachions exactement l’état de cette prise en charge », a-t-elle déclaré sur RTL.
Caroline Moisson