Frédéric Mitterrand est passé maitre dans l’art de la nécrologie et il donne à nouveau un exemple ses talents en… enterrant la culture socialiste. Dans une interview publiée dimanche sur le site du Figaro, M. Mitterrand neveu juge que « Les socialistes n'ont tout simplement pas de vision culturelle » et placarde François Hollande en estimant qu’il « ne s’intéresse pas à la culture, ce n’est pas dans son ADN ». Puis, n’hésitant pas à jouer les passéistes, il aspire ensuite « au retour d’une droite pompidolienne, attentive, modérée » au pouvoir incarnée comme il se doit, par François Fillon.
Mais qu’est ce qui a bien pu provoquer un tel vent d’hostilité chez Frédéric Mitterrand ? Une certaine allergie à la nouvelle ministre de la culture Aurélie Filippetti qui semble lui donner de bonnes doses urticantes. Il accuse dans les colonnes du Figaro, la ministre de faire « montre d’une approche totalement dogmatique de la culture ». En cause ? Le départ du directeur du Musée Guimet Olivier de Bernon, celui du Centre national du livre (CNL) Jean-François Colosimo, ou encore du directeur du Centre dramatique national de Montpellier Jean-Marie Besset. L’ex ministre de la culture dénonce quelque chose de « systématique dans les remplacements ». « Qu'un ministre change son cabinet relève du cours normal des choses, il n'y a rien à redire à cela. Changer les grands directeurs d'administration, c'est déjà plus aléatoire. Normalement, la continuité républicaine devrait jouer », assène toujours en colère, Frédéric Mitterrand avant de faire valoir que lorsqu’il était ministre il ne « travaillait presqu’avec des gens de gauche ».
Pour ajouter de l’eau au moulin déjà très actif de l’ex ministre de Nicolas Sarkozy, le dramaturge Jean-Marie-Besset a publié fin juin une lettre ouverte dans laquelle il critique « la violence, l'injustice, la pensée unique » de la ministre de la Culture. » Mais on se souviendra aussi que le 28 novembre 2009, une lettre ouverte au ministre de la culture - alors Frédéric Mitterrand - signée par des responsables de théâtres publics, dénonçait la nomination de l'auteur Jean-Marie Besset à la tête du Centre dramatique national de Montpellier (Hérault). Ils lui reprochaient de s'associer au metteur en scène Gilbert Désveaux « un des maîtres des célébrations d'anniversaire de l'arrivée au pouvoir du dictateur Kadhafi »
Ensuite, dans la longue liste de doléances à l’actuelle ministre de la culture, son prédécesseur lui reproche aussi l'abandon de la création du Centre national de la musique en tant qu'établissement public. « Je ne comprends, ni accepte ce geste ». Mme Filippetti s’en était pourtant expliqué en arguant que ce projet n'avait pas été financé par le précédent gouvernement et que le budget de la culture représente « à peine 1% du budget de l'Etat ». La guerre des ministres de la culture est-elle déclenchée ?
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
L’interview de Frédéric Mitterrand (Le Figaro)
Lettre ouverte au ministre de la culture Frédéric Mitterrand contre la nomination de Jean-Marie Besset (Le Monde)
Le Centre national de la musique en tant qu'établissement public ne fait pas l’unanimité (Charts in France)