Alors que jeudi sort Politiquement incorrect, carnets intimes dans lequel il livre ses souvenirs politiques, Roland Dumas reconnaît avoir validé en 1995 les comptes de campagne présidentielle « manifestement irréguliers » de Jacques Chirac et d'Edouard Balladur. Dans une interview accordée au journal Le Figaro, il explique c'était son « premier dossier » et qu'en validant les comptes de campagne irréguliers des deux hommes, il était alors « convaincu d'avoir sauvé la République ».

« Je venais d'entrer en fonction », explique l'ancien avocat et ministre des Affaires Etrangères de François Mitterrand. C'est d'ailleurs ce dernier, quelque temps avant son départ de l'Elysée en 1995, qui le nomme président du Conseil constitutionnel. « Je peux le dire aujourd'hui », avoue-t-il, « les comptes de campagne d'Edouard Balladur et ceux de Jacques Chirac étaient manifestement irréguliers ». Il s'est alors demandé quoi faire. Et de poursuivre « c'était un grave cas de conscience. J'ai beaucoup réfléchi. Annuler l'élection de Chirac aurait eu des conséquences terribles ». Roland Dumas a alors décidé « par esprit républicain, de confirmer, à l'unanimité au deuxième tour, son élection présidentielle ». Il se dit aujourd'hui convaincu d'avoir ainsi « sauvé la République en 1995 ». Edouard Balladur disposait alors de l'équivalent de deux millions d'euros de recettes inconnues, alors que les comptes de Jacques Chirac n'atteignaient pas une telle somme.

Selon la constitution, le Conseil constitutionnel est chargé de veiller à la régularité de l'élection du Président de la République, d'examiner d'éventuelles réclamations ou contestations et de proclamer les résultats du scrutin. Le président du Conseil est nommé par le chef de l'Etat.

Vanessa Gondouin-Haustein

Pour en savoir plus:

Roland Dumas : "J'ai sauvé la République en 1995" (Le Figaro)

Dumas dit avoir sauvé la République en validant les comptes (AFP)