Sale affaire… L’industriel et sénateur UMP Serge Dassault sera entendu le 2 octobre prochain par deux juges d’Evry dans l’Essonne, en tant que témoin assisté dans une enquête sur des tentatives d’homicides…. Une affaire qui semble répondre à un autre dossier dont s’occupe des juges parisiens ; celle de soupçons d’achats de voix dans la commune de Corbeil-Essonnes lors des dernières élections municipales qui avaient vu la victoire de l’avionneur. Victoire de courte durée puisque la réélection de Serge Dassault, avait été invalidée en 2009 par le Conseil d'Etat pour des dons d'argent que l'industriel a toujours contestés. Cependant, dans le dossier d’Evry - les deux tentatives de meurtre - le Sénat avait refusé début juillet pour « défaut de motivation » de la demande, de lever l'immunité parlementaire de Serge Dassault, que les juges souhaitaient entendre en garde à vue. Mais son bras droit à Corbeil-Essonnes, Jean-Pierre Bechter, avait lui, été placé en garde à vue avant d'être relâché sans poursuite.
La première tentative remonte à janvier où un habitant de Corbeil-Essonnes est victime d’une tentative d’homicide par balles. Puis, rebelote, le 19 février lorsqu’un boxeur amateur de 32 ans est grièvement blessé par balles en plein centre de Corbeil-Essonnes. Le tireur n’a même pas cherché à se cacher et a agi devant de nombreux témoins. La première victime avait confié par la suite, être certain que ces affaires étaient liées à un différend sur la distribution des fonds versés à des gens ayant participé à la campagne électorale de Serge Dassault.
Enregistrements clandestins & co
Dimanche, le site Mediapart rend public trois extraits d’un enregistrement clandestin dont il assure avoir écouté l’intégralité. D’après le journal en ligne, il aura été réalisé en novembre 2012 par les deux hommes qui ont été la cible des coups de feu début 2013. Mediapart assure avoir identifié la voix du sénateur milliardaire qui disait : « Là, je ne peux plus rien donner. Je ne peux plus rien sortir, c'est interdit (...) Je suis surveillé par la police », avant de poursuivre, « Moi, j'ai donné l'argent. Je ne peux plus donner un sou à qui que ce soit ». Puis dans le dernier extrait publié, la voix supposée de Serge Dassault dit : « Moi, j'ai tout payé, donc je ne donne plus un sou à qui que ce soit. Si c'est Younès (l'homme soupçonné pour la deuxième tentative d'homicide), démerdez-vous avec lui ».
Bien entendu les avocats zélés de Serge Dassault ont poussé des cris d’orfraie. Dans un communiqué, Mes Jean Veil et Pierre Haïk expliquent que leur client est « l'objet, depuis plusieurs années, de demandes pressantes de remise d'argent par divers individus qui avaient été informés de sa générosité en faveur des actions philanthropiques et qui justifient les dépôts de plainte qu'il a effectués ». Selon eux, Il lui est arrivé « d'accorder un soutien financier, mais toujours en dehors de toute démarche électorale ». Très remonté contre Médiapart, ils pestent contre la publication d’un « enregistrement pirate destiné à le faire chanter pour lui extorquer des fonds » et du choix de diffuser des « morceaux choisis, sortis de leur contexte ».
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
La réélection de Serge Dassault invalidée (L'Express)