« C’est une décision sage car le dispositif était devenu incompréhensible. La ministre a eu raison. Il faut trouver une solution pérenne et simple », a réagi Manuel Valls. Allant ainsi dans le sens de Ségolène Royal qui a décidé ce jeudi de « suspendre sine die le dispositif de l’écotaxe », rebaptisée péage de transit poids lourds en juin, qui devait entrer en application au début de l’année prochaine. Une annonce faite après une réunion de plus de trois heures avec les fédérations des transporteurs routiers, qui menaçaient de se mobiliser une nouvelle fois à partir de la semaine prochaine.
« Ségolène Royal et Alain Vidalies, après avoir échangé avec les responsables des fédérations professionnelles de transport routier, prennent acte des difficultés de mise en œuvre de l'écotaxe, y compris dans la phase d'expérimentation », déclarent la ministre et le secrétaire d'État aux Transports dans un communiqué. « Ils ont décidé, premièrement, de suspendre sine die le dispositif d'écotaxe, deuxièmement de créer un groupe de travail, troisièmement, d'intensifier la recherche de solutions sur la situation économique et sociale globale du secteur», poursuit le texte.
Ségolène Royal n’a jamais caché son scepticisme face à cette taxe. Maintenant, la ministre veut la remplacer par un « prélèvement » sur les sociétés d'autoroutes, comme elle l’a expliqué lors d’une conférence de presse. Avec un objectif : compenser le manque à gagner, qui est estimé à près de 500 millions d’euros. « Ma priorité reste le prélèvement du profit des autoroutes. C'est quand même le bon sens et c'est un principe pollueur payeur. La question du payeur usager n'est absolument pas remise en cause, mais doit faire l'objet d'une construction qui prenne en compte les difficultés réelles des entreprises » de transport.
Mais cette décision de suspendre l’écotaxe a du mal à passer chez les écologistes. Emmanuel Cosse, la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), est « tout simplement scandalisée ». « Encore un report de la taxe poids lourds. Pourquoi tant de faiblesse face aux lobbies ? Les Français paieront les pots cassés », a-t-elle écrit sur le réseau social Twitter. Même son de cloche du côté des associations environnementales : une « décision irresponsable » pour Agir pour l’environnement, une décision « prise au détriment de l'intérêt général, balayant tout le processus démocratique » selon le Réseau Action Climat.
Caroline Moisson
Pour en savoir plus :
Réunion péage de transit (communiqué de presse du ministère de l’Écologie)
Biographie de Ségolène Royal, ministre de l’Écologie (AllGov France)
Biographie de Manuel Valls, Premier ministre (AllGov France)