Ces deux là ne peuvent pas se sentir. Et loin de le cacher, leur animosité a éclaté au grand jour et s’est étalée dans la presse en prenant des allures de bataille rangée. D’un coté, Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale de son état. De l’autre, Gérard Larcher, président du Sénat. La haine larvée qui oppose les deux hommes ne date pas d’hier et a commencé à prendre des contours passionnels lorsque le premier a proposé dans un livre paru en octobre « Je ne me tairai plus », de ressortir la vieille idée du général de Gaulle de fusionner le Sénat avec le Conseil économique, social et environnemental. Proposition qui avait été rejetée par le référendum de 1969 et entrainé en même temps, le départ du général. Qu’à cela ne tienne, Claude Bartolone a enfoncé le clou en répétant jeudi matin sur BFMTV et sur RMC qu’il militait pour la suppression du Sénat sous sa forme actuelle.
Le sang de Gérard Larcher n’a fait qu’un tour. Pourtant, cet ancien vétérinaire est plus connu pour sa jovialité qui transparait de sa bouille ronde et pour son sens du consensus que pour ses coups de gueule. Mais tout s’est définitivement enflammé lorsque le président de l’Assemblée Nationale s’est désolidarisé de la deuxième chambre du Parlement en ne prenant pas sa défense par rapport à un documentaire diffusé sur France 3 mercredi soir, qui épinglait le train de vie du Sénat. Gérard Larcher a alors décidé de rompre sa collaboration avec Claude Bartolone dans le cadre de la mission confiée le 20 janvier dernier par le président Hollande sur « l’engagement républicain et le sentiment d’appartenance à la nation ». « Il n'est plus possible de travailler en commun » car « nous n'avons pas la même conception des institutions », a vociféré Gérard Larcher avant d’ajouter qu’il répondrait « directement » à la demande du chef de l’État. Ce à quoi, Claude Bartolone a répondu que la raison invoquée par Gérard Larcher « n'est qu'un alibi pour refuser tout travail en commun ».
Petites vacheries et coups de gueule
Mais le président du Sénat ne s’est pas enflammé dans le désert. Lors de la séance des questions au gouvernement, des sénateurs de tous bords comme le socialiste Jean-Pierre Sueur et l’écologiste Jean-Vincent Placé, sont montés au créneau pour prendre la défense de leur institution. Et c’est sans compter que mercredi dans la journée, le bureau du président du Sénat avait refusé tout net, la proposition de l’Assemblée Nationale de rapprocher les deux chaînes de télévision parlementaires, LCP-AN et Public Sénat.
Vexé, Claude Bartolone a envoyé un courrier à Gérard Larcher pour lui enjoindre de ne « pas perdre son sang-froid » au risque de « fracturer au bénéfice de petits calculs électoraux, la précieuse unité nationale ». Loin de lui laisser un pouce de territoire, le président du Sénat a encore élevé le niveau des hostilités en critiquant implicitement le boycott par Claude Bartolone de la soirée du Trombinoscope à cause du prix au maire FN Steeve Briois. Enervé le président du Sénat a déclaré ou le FN « n’est pas conforme aux valeurs de la République, et il faut l'interdire, ou il l'est, et il faut le combattre, mais pas l'ignorer ». Gérard Larcher a lui-même reçu le prix de sénateur de l’année. A suivre…
Véronique Pierron
Pour en savoir plus :
Je ne me tairai plus (Europe 1)
Le référendum de 1969 (France Politique)
Le départ du général (Sciences Po)
Documentaire diffusé sur France 3 sur le train de vie du Sénat (L'Express)
Prix au maire FN Steeve Briois (20 Minutes)