Marisol Touraine est la nouvelle ministre des Affaires sociales et de la santé dans le premier gouvernement dirigé par Jean-Marc Ayrault. Depuis le 16 mai 2012, elle est la « numéro 6 » du gouvernement Ayrault. Elle est assistée dans sa tâche par trois ministres déléguées : Michèle Delaunay aux Personnes âgées et à la Dépendance, Dominique Bertinotti à la Famille et Marie-Arlette Carlotti aux Personnes handicapées. Son premier dossier important concerne l’une des promesses de campagne de François Hollande, à savoir « le retour partiel à la retraite à 60 ans pour les personnes ayant travaillé quarante et un ans sans interruption ».
Elle est la fille du sociologue et économiste Alain Touraine et de la chercheuse chilienne Adriana Arenas Pizarro. De cette paternité elle hérite de son père un goût pour le social et l’économie ainsi qu’une prédilection pour le travail et la discrétion. Du sang de sa mère latino, elle doit une énergie et un tempérament que tous lui reconnaissent. Marisol Touraine est née le 7 mars 1959 à Paris où elle grandit. Après l’école normale et une agrégation de sciences économiques et sociales, elle rentre à Science Po Paris puis fait un cursus à Harvard. En 1988, elle est nommée conseillère chargée des questions géostratégiques dans le cabinet de Michel Rocard alors premier ministre du président François Mitterrand. Elle restera à ce poste jusqu’en 1991, année de la seconde cohabitation des deux septennats Mitterrand. Entre temps, elle épouse Michel Reveyrand de Menthon, ambassadeur de France au Mali de 2006 à 2010, et aujourd’hui en poste au Tchad. Ils ont trois enfants.
Une carrière au service des questions sociales
Sa carrière politique commence vraiment en 1997 lorsqu’elle décide de faire de l’Indre et Loire, sa terre électorale où elle est élue députée dans la troisième circonscription. Mais en 2002, elle la perd face au candidat UMP Jean-Jacques Descamps... pour mieux reconquérir sa cette circonscription en 2007 au second tour avec une courte majorité de 50,22 %. Elle s’investit beaucoup dans le tissu local et depuis 1998, Marisol Touraine est conseillère générale d’Indre-et-Loire, élue dans le canton de Montbazon, et présidente du conseil général d’Indre-et-Loire depuis 2011.
Conseiller d’État, elle s’est immergée depuis 1997 dans les questions de protection sociale et lorsque François Hollande prend les rennes du PS, il lui confie un secrétariat national sur ce thème. Elle est ainsi devenue l’une des rares spécialistes des questions de Sécurité sociale et de santé à l’Assemblée qui ne soit pas issue du monde médical. Concernant ses prises de position et son engagement, Marisol Touraine est membre du Siècle et engagée en faveur du Traité constitutionnel en 2005, et fait aussi partie du think tank socialiste « A gauche, en Europe » crée notamment par Michel Rocard, Pierre Moscovici et Dominique Strauss-Khan en 2003, visant à la refondation du socialisme après le « coup de tonnerre » du 21 avril 2002.
C’est en 2010, où simple députée, elle se fait connaitre au niveau national car elle est en charge pour le PS de l’épineux sujet de la réforme des retraites et se révèle être à l’Assemblée nationale, une opposante tenace à la politique de François Fillon. Le ministre du Travail de l’époque chargé de défendre le texte, Éric Woerth, s’il a dû batailler contre elle reconnaît néanmoins : « Elle a du caractère mais on peut parler avec elle. C’est quelqu’un de sérieux, travailleur, qui a porté ses attaques sur le fond ».
Un engagement politique et social fort pendant la campagne présidentielle
C’est ainsi que soutien dans un premier temps de Dominique Strauss-Khan, elle rejoint François Hollande dès l’éclatement de l’affaire du Sofitel qui lui confie la direction du pôle « Social, Santé, Handicap, Personnes âgées » de la campagne présidentielle. Elle s’engage dès le début de la campagne des primaires derrière François Hollande, et obtient très vite un rôle important dans l’équipe. « C’est un vrai bonheur de travailler avec François Hollande. Il est à la fois à l’écoute et attend beaucoup de notre travail», confiait-elle à 20 Minutes au début de la campagne présidentielle. Elle intervient aussi sur le dossier controversé de « l’euthanasie » dont l’expression est absente des 60 propositions du candidat PS. « On va effectivement dans ce sens », affirmait Marisol Touraine sur Europe1. « Nous voulons définir un cadre qui réponde - au-delà de ce que la loi permet aujourd’hui - aux volontés de ceux qui souffrent », précise-t-elle. Mais elle écarte l’idée d’« autoriser le suicide assisté ».
Pourtant, François Hollande n’a pas tranché à ce sujet même s’il a parlé d’une amélioration des soins palliatifs et s’est avancé prudemment vers un «encadrement». «Il faudra une procédure: quand une personne demande, parce qu’elle n’en peut plus, quand sa famille appuie cette demande, qu’elle est réitérée, que quatre médecins se sont eux-mêmes prononcés, alors il sera possible d’en terminer avec cette souffrance», avait-il expliqué à l’AFP. Mais il n’a jamais parlé de loi, plutôt «d’encadrer cette mort dans la dignité».
Le candidat socialiste lui demande aussi de réfléchir sur une réforme du quotient familial. Elle penche pour une amélioration du système existant plutôt qu’une remise à plat assortie de la création d’un crédit d’impôt imaginée par Michel Sapin. Au lendemain d’une fuite dans la presse, le candidat socialiste tranche pour son idée. Il faut dire que malgré sa discrétion, elle sait monter au créneau quand c’est nécessaire à l’exemple de la veille du sommet social de Nicolas Sarkozy en janvier. Lors d’une interview accordée à 20 Minutes le 17 janvier 2012, elle taxe le sommet social de « gesticulation de campagne ». Et poursuit : «Sur la forme, ce sommet est choquant. Comment peut-il prétendre engager des réformes aussi fondamentales alors que des élections très importantes doivent avoir lieu dans quelques semaines. La plupart des mesures ne pourront même pas être mises en œuvre».
Parité
Marisol Touraine est aussi l’une des premières à insister sur l’importance de la parité dans la composition du gouvernement et se fait un devoir de peser sur cette question dans sa constitution. Le 10 mai 2012, elle avait déclaré à l’AFP : « Il faut des femmes aux postes qui comptent parmi les postes ministériels importants » car « La parité, c’est la pleine reconnaissance du rôle politique des femmes». Ainsi, la nouvelle ministre s’était déclarée en accord avec la sénatrice socialiste Nicole Bricq, qui espérait que les femmes du prochain gouvernement ne seraient pas reléguées à des postes secondaires.
Nicole Bricq, la présidente PS de la commission des finances du Sénat déclarait à Public Sénat le 9 mai 2012 : «Il ne faut pas faire les « Hollandettes », en référence aux « jupettes » du gouvernement Juppé en 1995 qui définissaient des ministres féminins de second plan. Elle ajoutait : « Si on a les sarkozettes bis et les jupettes ter, ce n’est pas bien ». Inquiétude à laquelle Marisol Touraine répondait : «Rien dans le parcours politique de François Hollande ne permet d’imaginer qu’il traiterait les femmes de son gouvernement comme l’a fait Alain Juppé en 1995. Je ne sais rien de la future composition de l’équipe, François Hollande y réfléchit de son côté, mais je n’ai aucun doute sur sa volonté en la matière».