Robby Judes est le premier ultra Marin a être nommé ambassadeur de France. Et pourtant, peu après sa prise de fonction le nouvel ambassadeur, en visite de travail à Mohéli, la petite île des Comores, a jeté un pavé dans la mare. Le diplomate français a d’abord fait savoir que les désaccords sur le problème mahorais doivent être mis entre parenthèse avant de lâcher : «Mayotte ne sera jamais comorienne». La phrase a fait le tour de la presse locale, provoquant la colère de l’opinion comorienne et des réseaux sociaux. Affable et la voix posée, le nouvel ambassadeur de France devra pourtant déployer son talent de diplomate pour préserver des relations bilatérales souvent marquées par des crises épisodiques au sujet de Mayotte. En 2011 par exemple, l’ambassade de France à Moroni avait suspendu toute délivrance de visa aux Comoriens après une note du ministère de la Défense exigeant « une pièce d’identité (...) à tout passager empruntant un avion ou un bateau à l’entrée comme à la sortie des postes frontaliers des Comores pour des raisons de sécurité».
Un ingénieur frotté de diplomatie
Ce haut fonctionnaire d’origine guadeloupéenne né à Pointe-à-Pitre est depuis le 9 juillet 2014, ambassadeur des Comores. Ingénieur chimiste de formation (1982), il a d’abord travaillé comme analyste informaticien, puis ingénieur technico-commercial et enfin directeur de département dans des sociétés de service en informatique. Mais ce scientifique est aussi un humaniste qui obtient en 1995, un DEA en sciences de l’Homme. C’est peut être cette formation qui l’incitera à intégrer le parcours Copernic de l’ENA dont il sort en 2002. Il rejoint alors la haute fonction publique qui le délègue d’abord au ministère de l’Enseignement et de la recherche où il occupe le poste de chef de bureau de l’emploi scientifique au ministère de l’Enseignement et de la Recherche. Ce même ministère lui permet d’accéder à des fonctions plus diplomatiques puisqu’il devient dans un premier temps, conseiller de coopération et d’action culturelle adjoint à l’ambassade de France aux Etats-Unis, puis chef de service en charge du secteur Afrique, Proche-Orient, Egypte, Levant, Corne d’Afrique, au sein de l’agence pour l’enseignement du français à l’étranger, et enfin conseiller culturel au commissariat de l’année des outre-mers en 2011. De 2012 à 2014, on le retrouve conseiller diplomatique du député de la Guadeloupe, Victorin Lurel.
Les Comores, un objectif de carrière
S’il s’agit, pour Robby Judes, du premier poste en qualité d’ambassadeur, il connait donc déjà les méandres de la diplomatie Et interrogé dès sa prise de fonction par le journal comorien Al-Watwan, le nouvel ambassadeur des Comores a déclaré : « C’est un objectif dans ma carrière professionnelle d’être nommé ambassadeur aux Comores », a-t-il ajouté, tout en insistant sur les « liens historiques » qui existent entre les deux pays ». Il a explique vouloir « fortifier les relations entre la France et les Comores et continuer le travail entamé par mon prédécesseur. La présence du président François Hollande aux Comores en août dernier témoigne de l’intérêt de la France pour les Comores ».