L’impatience gagne, les doutes s’installent, la déception pointe son nez. Retour de vacances agité pour François Hollande. « Le changement, c’est pour quand ? », « Ne nous faites pas regretter le 6 mai ! » : à Châlons-en-Champagne, dans la Marne – son premier déplacement en province depuis la rentrée –, le président de la République a été fraîchement accueilli par des militants CGT. De quoi le remettre dans le bain. De quoi aussi lui donner un aperçu de l’opinion publique. De quoi également permettre à celui qui est malmené dans les sondages de tenter de reprendre la main.
« Mon devoir, c'est de dire la vérité aux Français : nous sommes devant une crise d'une gravité exceptionnelle, une crise longue qui dure depuis maintenant plus de quatre ans », a lancé François Hollande dans un discours de 25 minutes prononcé vendredi à la foire de Châlons-en-Champagne. Pour autant, pas question de regarder en arrière. En clair, ne pas mettre sur le dos de Nicolas Sarkozy tous les malheurs de la France. « Je ne reviendrai pas sur les responsabilités d'hier et d'avant-hier. Il ne s'agit plus de juger le passé mais d'agir dès aujourd'hui pour préparer l'avenir. » Une manière aussi de bien faire comprendre que « le gouvernement était à la tâche ».
L’une de ses priorités : l’emploi. « L’urgence », comme il le dit lui-même. François Hollande a ainsi rappelé qu’une session exceptionnelle du Parlement avait été convoquée pour que le texte sur les « emplois d’avenir » soit adopté au plus vite. Quant aux négociations pour « anticiper les restructurations » et « prévenir » les plans sociaux, elles commenceront « dès le mois prochain » entre patronat et syndicats, a assuré le chef de l’État. Initialement attendue pour l’automne, la banque publique d’investissement, qui doit participer au financement des petites et moyennes entreprises, sera créée, elle, « dans les jours qui viennent ».
Sur le fond, pas vraiment de nouvelles annonces donc. Sur la forme, une accélération mais pas de précipitation. Faire « des choix dans le bon ordre, dans le bon rythme et dans la bonne direction » : c’est ainsi que François Hollande a défini sa mission. Et aux impatients, le président demande du temps : « L'action que je conduis s'inscrit dans la durée du mandat qui m'a été confié par les Français : non pas sur trois mois, pas davantage sur douze mois mais sur cinq ans. »
Caroline Moisson