La France a retrouvé ses trois djihadistes « égarés »

jeudi 25 septembre 2014
AP

Trois djihadistes détenus par les Turcs. Une extradition vers Paris. Un atterrissage à Marseille où aucun policier ne les attend. Ils se rendent d’eux même à la police. Le scénario d’une comédie ? Non. Un énorme cafouillage franco-turc. Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve a déclaré assez penaud qu’il avait demandé une enquête administrative et qu’il se rendrait prochainement en Turquie. « Ce dysfonctionnement entre les services turcs et les services français mérite qu'une concertation approfondie s'engage entre les autorités françaises et turques, de manière à ce que d'autres événements de ce type ne se produisent pas » a déclaré le ministre à la presse.

Depuis plusieurs semaines, les autorités turques détenaient les trois djihadistes présumés dont le beau frère de Mohamed Merah qui avait tué sept personnes à Toulouse et Montauban avant d’être abattus par la police. Puis, Ankara a donné un ordre d’extradition vers la France pour les trois hommes. La police les attendait à l’aéroport d’Orly où ils auraient dû être réceptionnés. Mais les choses ne se sont pas passées tout à fait de cette manière.

Le pilote de l’avion qui devait atterrir à Orly a refusé de prendre ces passagers sulfureux à son bord en prétextant qu’ils n’avaient pas les papiers nécessaires. Qu’à cela ne tienne, Ankara a trouvé un pilote qui acceptait de les prendre à son bord mais dont l’avion devait atterrir à… Marseille. Problème pourtant, les autorités turques n’ont pas pris la peine de prévenir les autorités françaises de ce changement de vol et a mis plusieurs heures avant de s’en apercevoir. La police attendait les trois hommes à Orly alors qu’ils étaient arrivés à Marseille libres comme l’air vu que personne ne les y attendait.

Des « corrections » dans les communications entre deux pays

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé sur France Info : « C'est une mauvaise articulation mais l'initiative des autorités turques de changer d'avion a été malencontreuse » pour renchérir ensuite en assurant : « Ce cafouillage montre qu'il faut renforcer les relations, les méthodes et les actions avec les autorités turques et je suis convaincu que Bernard Cazeneuve (...) va prendre les initiatives nécessaires et que les autorités turques seront collaboratives ». Et le comble de toute cette histoire est que ce sont les dangereux djihadistes qui ont été contraints de se rendre eux mêmes aux autorités dans la petite gendarmerie du Caylar, un village du sud de l’Hérault où ils ont été placés en garde à vue. Sur quoi Bernard Cazeneuve à estimé : « Ces trois djihadistes sont aujourd’hui neutralisés ».

Le ministre a aussi demandé l’ouverture d’une enquête à «l'Inspection générale de l'administration et de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), qui fassent le point sur l'ensemble des événements qui se sont produits hier ». « Je souhaite qu'elle puisse m'être communiquée dans les meilleurs délais de manière à ce que le Parlement puisse disposer de ces éléments », a-t-il ajouté.

Une déclaration qui  intervient à quelques heures du débat sur l'engagement de la France contre l'Etat islamique en Irak. Pour finir, Bernard Cazeneuve a annoncé qu'il se rendrait prochainement en Turquie afin de procéder aux « corrections » qui doivent avoir lieu dans les communications entre les autorités des deux pays. « Ce dysfonctionnement dans la relation entre les services turcs et les services français mérite qu'une concertation approfondie s'engage », a-t-il insisté.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Mohamed Merah (France TV Infos)

L’Inspection générale de l'administration (Ministère de l'Intérieur)

l'Inspection générale de la police nationale (Ministère de l'Intérieur)

L’engagement de la France contre l'Etat islamique en Irak (Le Parisien)

 

Laisser un commentaire