Quatre élus français ont défié la position officielle de la France sur le dossier syrien et embarqué dans la plus grande discrétion pour un voyage de plusieurs jours en Syrie où trois d’entre eux ont rencontré mercredi le président Bachar al-Assad, figure pour le moins controversée depuis la guerre civile qui sévit en Syrie depuis quatre ans.
Gérard Bapt député PS, Jacques Myard député UMP, Jean-Pierre Vial sénateur UMP, et François Zocchetto sénateur centriste sont depuis mardi à Damas dans le cadre d’une « mission personnelle ». La délégation de parlementaires a rencontré des hommes politiques et des membres de la société civile syrienne.
A leur arrivée, ils ont été reçus par le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Moqdad et ont dîné avec le mufti de la République, cheikh Ahmad Hassoun. Mercredi, à l’exception du député de Haute-Garonne Gérard Bapt, le président syrien Bachar al-Assad s’est entretenu avec eux. Rien n’a filtré de cette rencontre. Jacques Myard, interrogé au téléphone par l’AFP, a tout juste consenti à déclarer « nous avons rencontré Bachar al-Assad pendant une bonne heure. Ça s’est très bien passé. »
Mais cette visite, non officielle, est vivement critiquée par la France. Paris n’entretient plus de relations diplomatiques avec Damas depuis la fermeture de son ambassade en mars 2012 et alors que la guerre civile fait rage depuis mars 2011 tuant plus de 210 000 syriens à ce jour.
Au plus haut sommet de l’Etat, on se désolidarise de cette initiative. François Hollande, en voyage aux Philippines, a condamné ce déplacement « car il s’agit d’une rencontre entre des parlementaires français qui n’étaient mandatés que par eux-mêmes avec un dictateur [...] qui a bombardé son propre peuple, a utilisé l’arme chimique pour détruire des vies humaines. » Le président français a appelé à des sanctions à leur encontre : « Je ne suis pas chef de parti, que les responsables des partis prennent les décisions qui s’imposent, je ne pourrai que les encourager. »
Pour avoir défié la ligne officielle de la France, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis souhaite justement traduire Gérard Bapt devant la haute autorité morale du parti socialiste, avec des sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion du parti.
Le premier ministre Manuel Valls a lui déclaré sur BFMTV-RMC que le président syrien était un « boucher » et a condamné « avec la plus grande vigueur cette initiative. Il s’agit d’un geste qui ne les honore pas, c’est une faute. »
Fanny Dassié
Pour en savoir plus :
Syrie: Quatre parlementaires français ont rencontré Assad (L'Obs)
Une "faute morale de rencontrer un boucher" (L'Obs)
Al Assad, un boucher pour Valls (BFMTV)